Si vous passez par Montana ou Bélogradtchik, vous ne manquerez pas de sourire face aux boîtes électriques customisées dans la rue qui vous raviront par leurs jolies couleurs et images, rappelant les années d’enfance…Et elles sont d’autant plus jolies qu’elles tranchent sur le gris monochrome des immeubles et autres tours en béton…
Lilia Zaharinova raconte des histoires passionnantes qu’elle met en images et en couleurs dans les rues de la ville, et les passants ne cachent pas leur curiosité face à cette artiste qui manie adroitement le pinceau et mélange les couleurs devant une plaque de tôle grise qui, soudain, fait surgir un chat tourné vers la lune, ou encore une dame élégante ayant ouvert son parapluie pour se protéger de la pluie. Même le soleil rayonnant fait resplendir les boîtes électriques…
“C’est certainement un souvenir d’enfance que chacun garde en soi, malgré les années. Un univers de couleurs, d’émotions sincères et spontanées, de sentiments débordant de générosité”, nous confie l’artiste.
En effet, elle se souvient avoir ramené à la maison dans son enfance des objets aussi variés qu’insolites, un caillou à la forme originale, une racine qui fait galoper son imagination…Et à chaque fois, elle a essayé de transformer ces objets en leur insufflant une nouvelle vie. D’où l’idée de customiser les boîtes électriques dans la rue.
Aujourd’hui encore, elle ne tarit pas d’éloges en évoquant sa grand-mère qui l’a encouragée à développer son talent :
“Ma grand-mère habitait à la campagne, elle s’occupait de ses deux fils et faisait tourner la maison. Et pourtant, malgré les corvées quotidiennes, elle trouvait le temps de dessiner. Je l’ai vue dessiner tous nos voisins, avec une prédilection pour les cérémonies de mariage, avec les musiciens, le curé du village, les convives vêtus de leurs plus beaux atours. C’était d’une beauté…”
De nos jours, Lilia Zaharinova vit entre le Nord-Ouest où sont ses racines et la capitale, où elle a fait des études de sage-femme, comme lui a conseillé son père. “La naissance d’un enfant est un joli moment, mais il y a aussi des drames, de vraies tragédies au quotidien”.
Entre-temps, ses parents prennent leur retraite et s’installent au village Karbintsi où Lilia les rejoint autant que possible. C’est justement dans son Nord-Ouest préféré qu’elle fonde d’ailleurs une famille, en choisissant Bélogradtchik pour y faire son nid et laisser épanouir son talent.
“Le maire de la ville avait lancé l’idée de chercher des sponsors pour customiser les boîtes électriques de Bélogradtchik et c’est ainsi que tout a commencé.“
“Les idées viennent toutes seules dès lors que j’échange sur un sujet ou l’autre avec les riverains.“
Pour l’instant, ses journées sont entièrement occupées par un projet d’envergure au village Oréchets, près de Bélogradtchik. Et il s’agit d’une grande fresque à dessiner, sur un mur qui fait trois mètres par cinq et sur lequel on verra apparaître un camion, sur fond de paysage verdoyant et d’un coucher de soleil…”
Parlant de fresques, elle a aussi peint le portrait de 3 mètres de haut de Christo Botev sur la façade du lycée éponyme de Bélogradtchik avec l’inscription “Celui qui tombe dans le combat pour la liberté, ne meurt pas...”
A la question de savoir si elle est guidée par la réalité de la vie qui l’entoure ou par son inspiration créative, Lilia Zahariéva répond :
"Je pencherais plutôt pour l’environnement que j’aimerais transformer. La mentalité est difficile à faire évoluer, et pourtant, face à un bel objet ou une image émouvante, le sens du Beau s’éveille…"
En dessinant dans la rue, Lilia Zaharinova adresse des messages artistiques et oriente l’attention des gens vers des thèmes sociaux, à l’instar de l'artiste d'art urbain Bansky.
“Mes idées changent par périodes. Personnellement, je voudrais que les gens soient meilleurs, plus humains, qu’ils respectent l’environnement qui les entoure. Qu’ils réalisent aussi que nous tous, devons prendre soin de Dame Nature, pour éviter qu’elle ne se fâche et nous remette à notre place. Mais je n’aimerais pas reproduire ses avertissements sur mes fresques pour ne pas trop stresser mes concitoyens."
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