"Ce n’est qu’en perdant sa patrie qu’on se rend compte de ce qu’elle signifie. Quand on est chez soi, on allume la radio, on écoute de la musique traditionnelle, on parle bulgare, on va au théâtre où les comédiens parlent également en bulgare. Privé de tout cela, on ressent un manque", déclare Radostina Nédyalkova, fondatrice du groupe de musique traditionnelle "Nashenzi" à Milan. Elle a été récompensée du prix Bulgare de l’année "Sainte Zlata de Meglen" 2023.

Ce prix a été remis pour la 12e fois par l’Agence exécutive des Bulgares de l’étranger (AEBE). Il récompense des femmes qui promeuvent la culture, la langue et les traditions bulgares et leur champ d’action dépasse les frontières du pays. De cette manière, l’Agence veut attirer l’attention du large public sur ses Bulgares qui en plus de s’être adaptées, ont réussi à souder les communautés d’expatriés bulgares.

24 femmes de 19 pays ont été nommées au prix Bulgare de l’année 2023, des éducatrices, des fondatrices de bibliothèques et d’instituts culturels, des militantes en faveur de la langue bulgare au sein des communautés d’expatriés bulgares. Certaines, dont Galina Todorova de l’Institut culturel en Tchéquie et Ganna Bessarabska-Tavriyska qui avait dédié toute sa vie à préserver l’esprit bulgare des diasporas en Ukraine et Moldavie, ont été récompensées à titre posthume.

L’Agence des Bulgares à l’étranger a remis le prix "Bulgare préférée du public", récemment institué, à Névenka Kostadinova de Bosilegrad, en Serbie qui a été récompensée pour son travail inépuisable pour préserver la communauté bulgare dans la petite ville de Bosilegrad. Elle a recruté avec sa famille 100 personnes dans son atelier de charpenterie.

"Le destin m’a fait naître hors des frontières bulgares", déclare Névenka Kostadinova."Quand on est hors de sa patrie, on chérit tout ce qui est bulgare. Ma mission et celle de ma famille est d’offrir aux gens la possibilité de rester et ne pas fuir leur lieu de naissance. Rester dans leur foyer familial car à mon sens, il n’y a rien de plus beau !" 

Radoslava Nédyalokova, la nouvelle Bulgare de l’année 2023, a reçu une reproduction de l’icône de sainte Zlata de Meglen peinte par Antonia Yankova. La cérémonie a eu lieu le 18 octobre, la fête de cette sainte, patronne des Bulgares à l’étranger.

"L’icône de sainte Zlata de Meglen parcourra des milliers de kilomètres en apportant avec soi la conviction que la distance n’altère pas le sentiment d’appartenance, l’identité et la conscience bulgare de nos compatriotes hors de la Bulgarie", a indiqué dans son allocution la vice-présidente Iliyana Yotova qui a parrainé le concours.

"Je ne soupçonnais même pas que je recevrais cette distinction", a avoué de son côté Radoslava Nédyalkova de Milano à Radio Bulgarie : 

"Ce prix implique une énorme responsabilité. Je le mettrai à un endroit bien visible pour me donner les forces pour tout ce que je fais pour que je continue de le faire avec encore plus de zèle. Les groupes de musique traditionnelle constituent le cœur de la majorité des communautés bulgares à travers le monde. On va dans une église bulgare, puis on cherche à intégrer un groupe de danses, quand on est à l’étranger on veut trouver son milieu. On a besoin de ressentir la Bulgarie et pour la ressentir il n’y a pas mieux que les danses folkloriques traditionnelles, nos compatriotes avec qui l’on peut parler de son pays, faire des marténitsas. Ainsi, c’est plus facile de rester en contact. Les débuts de notre connaissance datent de 2016. C’est dans cette période qu’on a évoqué l’idée d’une association qui est active depuis plusieurs années mais à l’époque n’était qu’un rêve de beaucoup d’entre nous. Se réunir, être ensemble, partager nos problèmes, car à l’étranger nous avons beaucoup en commun." 

 Version française : Maria Stoéva

Photos : Agence exécutive des Bulgares à l’étranger, BTA, Krassimir Martinov