Chacune de ces décorations nous réchauffe le cœur et nous rend émus, parce qu’elle est faite à la main et elle est unique. Ses reflets argentés nous ramènent à l’enfance quand les hivers étaient rudes et enneigés et les décorations de Noël étaient en verre fin comme du papier. De nos jours le marché est envahi par des décorations chinoises en plastique, parce qu’elles sont moins chères et plus faciles à trouver. Cela ne veut pas dire pour autant que les anciennes décorations fragiles sont reléguées au passé. Kostadin Kaloyanov de la ville de Béloslav dans le nord-est du pays, qui a travaillé à l’usine locale de produits en verre, a décidé de faire renaître cette tradition et crée à présent, avec sa famille, de véritables œuvres d’art en verre dans son atelier.

Ce métier est apparu il y a 250 ans dans la ville allemande Lauscha. En Bulgarie les décorations de Noël en verre se répandent avec la construction de plusieurs entreprises spécialisées à l’époque du régime socialiste. Mais après les changements démocratiques de 1989 cette production accuse une baisse drastique. A présent les ateliers de production de décorations de Noël en verre se comptent sur les doigts de la main et Kostadin Kaloyanov est un des derniers Mohicans qui se battent pour la survie de cet art diaphane :

La technologie est la même que celle utilisée au tout début de la production de décorations de Noël en verre, raconte Kostadin Kaloyanov. On prend un morceau de tube de verre et tout se fait en le chauffant, en soufflant et par des mouvements des mains. Une fois la forme obtenue – cela peut être un champignon, un lapin, un ourson, un chiot, etc. – on passe à l’argenture. On verse à l’intérieur de la décoration une solution ammoniacale et du nitrate d’argent qui forment le test du miroir d’argent (réaction de Tollens) avec un dépôt d’argent sur les parois. On la peint de vernis de diverses couleurs et on la décore à la main par des artistes peintres, parce que le dessin sur verre n’est pas facile du tout.

Pour finir on recouvre la décoration de « poussière magique », qui provient des décorations cassées. « Ce sont les paillettes argentées qu’on mettait à l’époque sur les cartes de Noël », explique Kostadin Kaloyanov :

La magie est qu’elles sont entièrement faites main. La plus grande partie du processus ne peut pas être mécanisée ou automatisée. Les décorations ont des parois très fines, sont très légères et ne font pas plier les branches du sapin. Nous travaillons à la demande, avec des inscriptions personnalisées, des paysages hivernaux, etc. Les plus appréciées sont les décorations montrant la Nativité, elles ressemblent à de petites icônes en verre. Il faut voir la réaction des gens à nos décorations, comment leurs yeux se mettent à briller à leur vue.

Malheureusement la verrerie en Bulgarie est en voie de disparition. Son avenir est lié aux petites manufactures comme celle de Kostadin Kaloyanov. Il note toutefois que cette entreprise familiale n’est guère rentable. « On produit et on investit toute l’année et on ne vend que dans la période de Noël, à peine 20 à 30 jours. Mais avec une bonne organisation et quand on se dévoue à ce métier, on y arrive », conclut Kostadin Kaloyanov.

Photos : Kostadin Kaloyanov

Version française : Christo Popov