Autrefois, construire un temple orthodoxe chrétien était une œuvre inspirée par le Seigneur et une tâche de premier ordre. Elle était l’expression des besoins spirituels des communautés chrétiennes locales de vénérer Dieu, de chercher du réconfort en Lui et de Lui exprimer de la gratitude dans son église. On arrivait toujours à trouver l’argent nécessaire pour la construction, les gens donnaient ce qu’ils pouvaient et prenaient part collectivement au chantier. Un exemple éloquent à ce titre représente la cathédrale «Alexandre Nevski» dont les coupoles dorées sont visibles presque de partout dans la capitale bulgare Sofia. Elle a été bâtie grâce aux moyens financiers de millions de Bulgares des quatre coins du pays. Pendant les années de l’athéisme après la Deuxième guerre mondiale, cette tradition a été remplacée par les aspirations au bien-être matériel ce qui a eu pour effet l’oubli presque complet dans lequel ont sombré les temples chrétiens construits au prix de tant d’efforts et d’amour de Dieu. Après les changements démocratiques en Bulgarie de la fin des années 80 du siècle passé, les gens sont peu à peu revenus sur le chemin de la foi et des traditions chrétiennes de leurs prédécesseurs.

© Photo: facebook.com

La liturgie de consécration de l'église a réuni 500 personnes

Et bien que la construction de nouvelles églises ne figure pas sur la liste des priorités de la plupart des Bulgares, il existe des gens pour lesquels cela est important et qui font des choses impossibles pour réaliser leurs rêves. Pavel Yanakiev est une personne de ce genre, c’est le sponsor principal de la nouvelle église «Saints Pierre et Paul», il est l’ex-maire de la ville de Dragoman proche de Sofia.
«L’idée de construire une nouvelle église nous est venue il y a 12 ans lorsque j’ai été nommé représentant du maire du village de Yalbotina dans la municipalité de Dragoman, raconte Pavel. Quelques vieilles dames sont venues me voir pour chercher du soutien en insistant sur la nécessité de construire une nouvelle église et je leur ai promis de le faire. Comme partout en Bulgarie, les jeunes à Yalbotina sont très peu nombreux, ce sont les habitants âgés qui dominent. Dans la région du village il y a une zone de villas et c’est pour cette raison que les maisons appartiennent à des gens qui ne viennent dans le village que les week-ends. Il y a environ mille maisons mais la population permanente ne s’élève qu’à peine une centaine de personnes. Quand nous devons célébrer une importante fête religieuse et qu’elle tombe un jour férié, il n’y a pas où conduire la messe. Certains se rendent à Sofia pour aller à l’église. C’est pour tout cela que l’idée de construire un temple chrétien sur la route principale entre les villages voisins a fait tant d’adeptes. Nous avons commencé par la collecte des fonds financiers et lorsque les dons ont atteint la somme de 1750 euros nous nous sommes mis à l’œuvre. Malgré la somme insuffisante, nous tous nous avions la ferme volonté de construire à tout prix l’église».
Accompagné par son ami d’école Ilia Iliev qui travaille dans le bâtiment, Pavel Yanakiev se consacre à la recherche d’un terrain et d’entrepreneurs pour le futur chantier. Le terrain est un don de la municipalité de Dragoman et la première pierre est posée en 2008.

© Photo: facebook.com

Plus de 180 donateurs ont travaillé à la construction de l'église

«Au début nous étions 5-6 personnes qui s’acharnaient pour bâtir le principal immeuble. Le projet architectural avait été fait par la famille de Lubka et Emile Peev et leur fille Mariana de Sofia. Par la suite est venu encore du monde, comme par exemple l’entrepreneur Petar Blagoev qui nous a beaucoup aidés avec ses équipes d’ouvriers et de maçons. Finalement, nous nous sommes dotés d’une magnifique église. Nous avions voulu que l’acoustique et l’architecture y soient très bonnes. Peu à peu nous en sommes venus à la décoration du temple. C’est comme ça que nous avons connu Bogdana Todorova et son collègue Constantin Guerdjikov, de jeunes peintres qui on terminé leurs études à l’Académie des Beaux-arts de Sofia. Nous avons trouvé des gens généreux qui ont payé le matériel nécessaire pour la peinture des saintes figures. Les peintres eux-mêmes n’ont presque rien demandé pour leur travail. Après avoir peint le plafond et l’autel, nous avons décidé de poursuivre avec les murs. L’iconostase est l’œuvre de mon fils Krassimir Yanakiev et l’argent nécessaire a été mis à notre disposition par la compagnie où travaille mon fils. Les peintres l’ont décoré et grâce aux sculptures sur bois de maîtres de la ville d’Eline Péline nous avons obtenu un véritable bijou. A la fin nous avons aménagé la cour et l’église a été terminée grâce aux efforts conjoints des gens de la région. Le sculpteur Stefan Sandoulov est l’auteur de la chaire de l’évêque».
Environ 180 fidèles au total prennent part aux travaux de construction, la commune de Dragoman fait un don de 1 million d’euros.
«Cela a été un grand défi et une tâche d’envergure et complexe, se souvient la jeune peintre d’icônes Bogdana Todorova. En plus des exigences esthétiques nous avions à respecter les règles de l’église. Avec mon collègue Constantin nous avons travaillé jour et nuit. Des collègues à nous de la filière Peintures murales et icônes venaient nous donner de temps en temps un coup de main. Lorsque nous avons achevé en 2010 le plafond et l’autel, nous avons été très heureux de voir les gens demander à ce que nous poursuivons notre travail sur les murs. Cela a donné une finition plus complète de l’église. Nous avons terminé les peintures murales cette année».
En fait, l’église est pratiquement achevée vers le milieu de l’année 2012. Avec la bénédiction du patriarche bulgare Maxim le 1 septembre a été choisi pour date de son inauguration. «Environ 500 personnes ont assisté à l’inauguration, ça fait beaucoup de monde pour une municipalité comme la nôtre, souligne Pavel Yanakiev. Je m’adresse à tous ceux qui nous ont aidé à réaliser cette noble œuvre pour leur exprimer notre gratitude».

Version française : Vladimir Sabev
sabev@bnr.bg