Guéorgui Rakovski – le précurseur de la liberté

Publié le 08/10/12 à 08:06

Le 9 octobre, nous marquons les 145 ans de la mort de Guéorgui Sava Rakovski (Sabi Stoïkov Popovitch de son vrai nom) – une des figures de premier plan au sein du mouvement de libération nationale à la fin du XIXème siècle. « C’est un idéaliste intrépide, un personnage haut en couleurs » – c’est ainsi que le grand écrivain bulgare Ivan Vazov décrit celui, qui de son vivant déjà était considéré comme une légende. La vie de Guéorgui Rakovski est marquée par des événements extraordinaires, des retournements de situation et des aventures – tel le destin d’un héros sorti sous la plume d’Alexandre Dumas.

Il est né en 1821 dans la petite commune de Kotel, nichée au pied du massif du Grand Balkan, dans une famille de commerçants fortunés. Diplômé d’un prestigieux lycée grec à Istanbul, Guéorgui Rakovski s’engage très tôt dans le mouvement contestataire dirigé contre l’Empire ottoman, qui émerge dans les années 1840. En 1842, il prend part aux émeutes de Brăila – une tentative infructueuse de la diaspora bulgare en Roumanie de faire passer des unités armées en Bulgarie. Arrêté par les autorités roumaines et accusé d’être parmi les instigateurs de ce mouvement révolutionnaire, Rakovski se voit condamner à la peine capitale – un sort auquel il parvient à échapper en partant pour la France. Sur place, il s’établit à Marseille où il passe un an et demi. De retour dans les Balkans, en 1844 il est jeté en prison suite à une dispute avec un groupe de notables dans sa ville natale – Kotel, avant d’être libéré trois ans plus tard.

En 1853, la guerre de Crimée éclate – pour Guéorgui Rakovski c’est une occasion inespérée d’œuvrer à la libération de la Bulgarie avec l’appui de la Russie. Il parvient à infiltrer les forces armées ottomanes où c’est un nouveau face-à-face avec la mort, qui l’attend. Démasqué dans son rôle d’espion par les autorités turques, il encourt une nouvelle fois la peine de mort et, là encore, il fait preuve d’habileté en esquivant le danger qui le guette.

A l’issue de la guerre de Crimée, Guéorgui Rakovski trace les contours d’un plan de libération de la Bulgarie. Il voit grand – pour lui, la liberté du peuple bulgare se gagnera dans un élan révolutionnaire commun, réunissant les forces de tous les pays des Balkans contre l’Empire ottoman. En 1862, il organise à Belgrade, en Serbie, la Première Légion bulgare – un régiment regroupant quelque 600 volontaires, parmi lesquels on retrouve un certain Vassil Levski, qui deviendra par la suite le leader du mouvement de libération en Bulgarie. Le premier fait d’arme de la Légion date du 5 juin 1862 quand elle s’engage aux côtés de l’armée serbe dans un affrontement avec la garnison turque stationnée à Belgrade. Le conflit étant réglé par voie diplomatique, la Légion est contrainte à la dissolution. Ce coup dur force Rakovski à changer de stratégie – il décide alors d’endosser le costume de diplomate, en sillonnant les routes au Sud-Est du Vieux continent dans l’espoir de créer une alliance politique dirigée contre la Sublime Porte.

A côté de son activité révolutionnaire, Guéorgui Rakovski s’illustre aussi dans les métiers de journaliste et d’écrivain. Ses publications traitent de sujets assez sensibles pour l’époque, comme la coopération entre les nations de la région et la tolérance interreligieuse. Véritable polyglotte et touche-à-tout, il travaille dans un grand nombre de disciplines scientifiques.

Gueorgui Rakovski décède des suites d’une tuberculose le 9 octobre 1867 à Bucarest, alors qu’il est en train d’organiser l’entrée en Bulgarie de plusieurs groupes armés, censés provoquer un grand soulèvement populaire dans le pays.

Version française : Tsvetan Nikolov
nikolov.ts@bnr.bg

По публикацията работи: Vénéta Pavlova

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