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Je t’aime, moi non plus : la fin de l’unité de façade au sein de la gauche ?

Il était une fois... l'unité dans la gauche
Photo: BGNES

Une fois n’est pas coutume – les Bulgares s’apprêtent à voter aux élections européennes qui, à en croire les sociologues, auront une portée symbolique. Traditionnellement boudé par les électeurs européens, ce scrutin risque de se retrouver au cœur des conversations et des calculs des politiciens. Tout d’abord, parce que les résultats de cette échéance auront un impact significatif sur la composition de la nouvelle Commission européenne, dont les sièges seront distribués en fonction du nombre de mandats remportés par les principales forces politiques au Parlement européen. Jeu démocratique oblige – les élections européennes seront également l’occasion pour le Parti socialiste européen de prendre (éventuellement) sa revanche sur les conservateurs, en s’emparant, le cas échéant, de la majorité absolue dans l’hémicycle du Parlement à Strasbourg. Mais ce vote est attendu aussi de pied ferme par les responsables politiques bulgares, qui espèrent (en ce qui concerne le PS et le Mouvement des Droits et des Libertés) pouvoir consolider leurs positions derrière le gouvernement de Plamen Orecharski. Pour l’opposition à l’Assemblée nationale, les européennes seront une occasion en or pour se mettre sur le devant de la scène et réclamer, dans l’hypothèse d’un bon score à l’issue de ce scrutin, la tenue d’élections législatives anticipées.

Habituée à une discipline sans faille, matérialisée par une organisation interne qui ne laisse guère de place aux divisions et aux dissensions, la gauche bulgare traverse depuis deux semaines une zone de fortes turbulences. L’homme par qui le scandale est arrivé, c’est lui : Guéorgui Parvanov – ancien Président de la République, qui avait annoncé dès 2010 la création d’un mouvement politique, baptisé Alternative pour le renouveau bulgare (abrégé souvent comme ABV). Accueillie avec méfiance par les socialistes, cette initiative a été mise dans le placard, avant d’être redémarrée il y a quelques jours avec la création d’une liste dissidente pour les élections européennes. Les hostilités sont désormais ouvertes entre l’ancien chef de l’Etat et le leader du PS Sergueï Stanishev qui accuse Guéorgui Parvanov de vouloir mener une révolution de palais pour reprendre le contrôle du Parti socialiste :

« Il s’agit d’un projet porté à bout de bras par M. Parvanov, qui cherche un moyen de revenir en politique après la fin de son second mandat à la Présidence. » – explique le politologue Valéry Jablianov, membre du Conseil national du PS et député socialiste au Parlement. « Le mouvement ABV a du mal à se positionner sur l’échiquier politique et il serait difficile de parler d’une affiliation sociliaste pour les ténors de ce jeune parti. Pour le moment, Guéorgui Parvanov joue l’ambiguïté en déclarant vouloir garder sa place au PS, tout en menant une guerre larvée contre certains responsables socialistes. »

Ivaïlo Kalfine – ancien ministre des Affaires étrangères, réputé proche de Guéorgui Parvanov, a été annoncé à la tête de la liste ABV pour les européennes. Au micro de Radio Bulgarie Internationale, l’intéressé dément toute volonté de diviser la gauche et défend sa vision pour l’avenir du pays :

« Nous ne sommes pas en train de créer de toutes pièces un nouveau parti. Notre démarche vise tout simplement à envoyer un message d’avertissement à la classe dirigeante, embourbée dans des querelles intestines, qui se permet de tourner le dos aux défis de la démographie et de la pérennisation du système social. Or, aujourd’hui plus que jamais, il y a des questions qui demandent un consensus national passant au-delà des clivages politiques. »

Le chef de file des socialistes Sergueï Stanishev, n’a pas tardé à riposter en se disant déçu de la décision d’Ivaïlo Kalfine :

« Pour moi, c’est une volte-face qui n’a aucun sens, aucune motivation, si ce n’est de déstabiliser le Parti socialiste. Cet agissement, qui révèle une certaine forme de schizophrénie politique, sert clairement les intérêts du parti GERB. Si les meneurs de ce mouvement décident d’aller au bout de leur démarche, ils devront en subir les conséquences conformément aux dispositions applicables, prévues dans les statuts du Parti socialiste ! »

Les partisans du mouvement ABV se sont vu notifier un ultimatum – ils ont jusqu’au 27 janvier pour rallier la liste officielle du PS aux élections européennes en renonçant à leur tentative de présenter des candidats dissidents. Alors que les accusations et les menaces fusent de part et d’autre, il y a fort à parier que cette guerre des chefs restera d’actualité au moins jusqu’aux européennes, qui auront lieu au printemps.



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