Le coût de la main-d’œuvre en Bulgarie est un sujet très sensible pour la majorité de la population. Notre pays est abonné à la dernière place quant aux rémunérations que les citoyens touchent. Et ce n’est pas seulement une sensation subjective des Bulgares qui peinent à joindre les deux bouts mais bien une réalité qui apparaît non seulement dans la statistique nationale mais également dans les données présentées par Eurostat.

À preuve, si les Bulgares touchent en moyenne 3,7 euros de l’heure, le coût horaire du travail en Suède peut aller jusqu’à 40,1 euros soit presque 10 fois plus qu’en Bulgarie. Cela explique pourquoi la consommation individuelle dans notre pays ne représente que 49 % de la moyenne européenne même si les prix des biens de consommation sont eux aussi deux fois plus bas qu’en Europe. Toujours est-il que les différences de niveau de vie restent frappantes.

La raison principale de cet état de situation malheureux est simple – la productivité du travail en Bulgarie est faible, c’est-à-dire les Bulgares ne sont pas efficaces sur le lieu de travail. Quels sont les chiffres ? Selon des études internationales, en 2012 le rendement moyen d’un Européen était de 32,2 euros de l’heure alors qu’en Bulgarie cet indicateur affichait 4,8 euros de l’heure. Cela étant, il semble tout à fait normal que les salaires en Bulgarie suivent la productivité du travail.

Toujours est-il que ces derniers jours la statistique bulgare a annoncé que le coût de la main-d’œuvre a augmenté de 2,9 % pendant le premier trimestre de cette année et cela sur fond de déflation depuis le début de l’année. Auparavant on apprenait que notre pays était un des leaders européens quant à l’augmentation des salaires. Nous occupons la 6^e place avec une croissance annuelle de 2,8 % contre deux fois moins en Europe, a annoncé Eurostat. D’où la conclusion que les Bulgares sont toujours mal payés mais qu’ils sont sur la bonne voie, ce qui est encourageant.

Compte-tenu de ces données, il est difficile de nous expliquer le fait que le salaire moyen dans le pays avance à reculons. En effet, en l’espace des trois premiers mois de cette année, l’Institut national de la Statistique a enregistré une baisse de 3,9 % par rapport au trimestre précédant. De cette manière, le salaire moyen a légèrement dépassé les 400 euros. Ce phénomène est surtout lié à des facteurs saisonniers. En hiver le secteur du BTP est presqu’inactif, le tourisme compte uniquement sur les stations d’hiver, l’agriculture est dans l’attente du printemps, le commerce recule après la fièvre acheteuse de fin d’année, il n’y a plus de primes de Noël etc. On peut donc conclure que le recul des salaires est temporaire et de nature transitoire car en plus on a observé une tendance positive stable pendant les cinq dernières années – le SMIC horaire en Bulgarie a progressé de 44,1 %, un des meilleurs résultats dans toute l’Union européenne. Tout porte à croire que les revenus de nos compatriotes donnent lieu à un optimisme plus que prudent.

Version française : Krassimir Koprivenski