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1959 - Penio Penev: "Si tu as perdu la foi – tu as tout perdu!"

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A chacun son chemin, chacun se presse à la recherche de l’homme …

Moi aussi j’avais mon sentier préféré, je l’avais jadis !

Encore un pas – et voilà la fin ! Il est déjà parcouru, parcouru…

Que vais-je devenir, je l’ignore, mais sans doute je ne serai plus jamais  vadrouilleur !

Le poète Penio Penev parcourt son chemin de vie en 29 ans seulement. Dans sa dernière lettre de la nuit fatale du 27 avril il écrit : « j’en ai assez d’être sans abri, sans travail, sans amour… » Tout le contraire de ce que dit de Penio Penev, Stéphane Tzanev  un autre poète :

« Je me demande pourquoi parmi tous, le peuple a choisi notamment Penio Penev, pourquoi le peuple  a-t-il ouvert son cœur à lui ? Il n’occupait pas de hauts postes lui, pour ainsi imposer son talant, il n’écrivait pas ses vers dans des appartements de luxe, il n’étudiait pas la vie au travers les vitres teintées des grosses limousines, il n’allait pas à la chasse dans des parcs naturels aux fils barbelés et surtout ne donnait pas de conseils aux gens comment  vivre, comment  travailler, en quoi doivent-ils croire et en quoi non ! Penio Penev  vivait à la mode du peuple ! Il travaillait comme travaille le peuple, mangeait comme mangeait le peuple, il avait la foi, celle du peuple, il détestait ce que le peuple détestait. Les peines du peuple étaient ses peines à lui, la fête du peuple était sa fête. C’est pour cela que le peuple s’est reconnu dans ses mots. Pour avoir la confiance d’un peuple, tu dois vivre comme il vit ! »

Penio Penev croit qu’il construit l’avenir – un avenir radieux et prometteur, fondé sur la beauté et la fraternité. Il garde la foi et il transforme en poésie la tentative romantique de la nation de changer la Bulgarie. Il ne fait pas que composer des vers pour remonter le moral des gens mais participe activement  à la construction de cet avenir.  Ses paroles ainsi que son credo rappellent beaucoup ceux de Hristo Botev ou Dimtcho Debelianov. Les paroles suivantes auraient pu appartenir à chacun d’eux:

Si tu as perdu de l’argent  – tu n’as rien perdu !

Si tu as perdu l’honneur – tu as perdu quelque chose

Si tu as perdu la foi– tu as tout perdu !

Même si sa poésie a été instrumentalisée aux fins de la propagande, Penio Penev n’a jamais écrit sur commande. Il a connu le chômage, la misère, la jalousie, les dénonciations, et le manque de reconnaissance, mais  il n’a jamais perdu la foi.  Il choisit de partir de la manière semblable à celle de ses idoles Maïakovski et Essenine. Pour des personnes comme lui il n’y a pas de place dans la poésie ni dans cette époque.

Stéphane Tzanev :

« Le poète n’a qu’un Dieu – la vérité, un seul maître – le peuple et n’a qu’un juge – sa propre conscience. Lorsqu’on a essayé de le dissuader et lui enlever ces trois droits sacrés, Penio Penev a préféré mettre fin à sa vie en se suicidant. Ainsi a-t-il voulu prouver qu’il avait raison. Je ne parviendrais jamais à oublier cette journée de cauchemar, c’était en avril, il y a 29 ans. Ce jour-là, nous, les jeunes de 20 ans,  imbus de nous-mêmes,  nous avons brusquement compris une chose – que la poésie n’est pas un beau jeu vaniteux. Ce jour nous avons compris de plein fouet que la poésie est une affaire de vie ou de mort. Et aujourd’hui tout un chacun qui tend la main vers la plume doit bien le savoir. Il doit être prêt à payer de sa vie la cause qu’il défend.  La poésie et la vérité n’ont pas d’autre gageure. Sans ce gage, même la poésie la plus talentueuse n’est que talentueuse falsification. »

Version française : Lubomira Ivanova



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