Après 17 heures de session parlementaire presque sans débat, le Parlement a définitivement voté le budget d’Etat pour 2015. Pour les Bulgares, la loi de Finances est la plus importante de l’année car c’est d’elle que dépendent les budgets de la santé, de la justice, de l’éducation, de l’économie, de la sphère du social ainsi que les revenus de plus de ¼ de la population salariée du secteur public.
« Je ne prétends pas que ce soit un bon budget, c’est juste le budget du possible », a déclaré le ministre des Finances Vladislav Goranov, en ajoutant que son objectif est la stabilité et le rétablissement du sentiment de sécurité après deux ans de crises politiques et sociales.
Les notions de stabilité et de sécurité sont par définition opposées à celle de réforme, laquelle renvoie à l’idée de changement et de transformation. Pourtant, le gouvernement de coalition de Boyko Borissov est arrivé au pouvoir en octobre, précisément avec la promesse de faire des réformes. Sur le plan du budget des finances publiques, on n’en trouve pas la trace. Certains experts nous expliquent que c’est très bien comme ça, est qu’à partir de maintenant l’Etat donnera de l’argent seulement en échange de réformes. C’est-à-dire d’abord on décide et on vote les réformes qui doivent être effectuées dans les différentes institutions et ensuite on les finance. Cette approche se veut très raisonnable et apparemment a été encouragée par l’agence de notation Fitch Ratings qui, le jour même du vote du budget, a confirmé la bonne note bulgare de BBB et une perspective de croissance stable. La seule mesure plus ou moins radicale que le budget prévoit c’est la diminution de 10% des dépenses pour les salaires dans l’administration publique.
Dans l’ensemble, les paramètres du budget 2015 ne promettent rien de sensationnel. On y prévoit que l’inacceptable pour Bruxelles déficit public de 3.7% soit abaissé à 3% du PIB. Les recettes de l’Etat pour 2015 devraient atteindre les 36,8% du PIB et les dépenses publiques - 39,8%. L’Etat fait un nouvel emprunt de 4,2 milliards d’euros, ce qui fait porter la dette publique à 30% du PIB. En revanche, ce qui est inquiétant c’est le pronostic de baisse de la croissance économique – de 1.6% cette année à 0.8% pour 2015. Rappelons que pour véritablement voir décoller notre économie nous avons besoin d’un taux de croissance à deux chiffres.
Le milieu du business se dit confiant en l’avenir et certains ont même critiqué le gouvernement pour ses prévisions un peu trop prudentes et conservatrices. Le ministre de l’Economie Bojidar Loukarski a rejoint le camp des critiques et s’est déclaré convaincu que la croissance l’année prochaine sera meilleure que prévu. Cet état d’esprit positif se confirme par un autre pronostic du budget – la déflation de 2014 se transformera en une inflation positive d’un peu plus de 1%.
Version française : Miladina Monova
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