Ces derniers jours, c’est l’agitation qui règne sur les marchés des devises - l’euro a chuté à un niveau record face au dollar, le franc suisse a bondi pour arriver à parité avec la monnaie unique européenne, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé un plan d’envergure d’injection de liquidités dans les institutions financières de la communaité, ce qui devrait, selon les attentes, déprécier encore plus l’euro. Quel sera l’impact sur l’économie et les affaires bulgares de toutes ces turbulences sur les marchés des changes?
Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut d’abord rappeler que la monnaie nationale bulgare - le lev, est pratiquement fixé à l’euro. Le taux de change fixe, déterminé par la loi, est 1,96 léva pour un euro, pratiquement calculé 2:1 dans la vie quotidienne. Cela signifie que tout ce que subit l’euro reflète automatiquement sur la monnaie bulgare: quand l’euro dévalue, le cours du lev est également à la baisse, et vice versa.
Toutes ces fluctuations des taux de change ont un impact direct sur les prix des produits d’importation et d’exportation. Et il faut savoir que l’économie bulgare est une économie très ouverte, donc dépendante des marchés internationaux. Selon l’Institut national de la Statistique, la quasi-totalité du PIB de notre pays passe par le commerce extérieur, qui est estimé à environ 44 milliards d’euros pour l’année dernière. 60% de ce commerce se fait avec des partenaires de l’Union européenne, donc en euros. Les autres 40% représentent des flux commerciaux vers et depuis des pays tiers où le dollar américain est roi. Sur les importations et les exportations depuis et vers les pays de la zone euro l’effet des variations des devises n’est pas énorme, car on achète et on vend en euros et les taux de change n’engendrent ni des pertes, ni des gains. La situation n’est pas la même quand il s’agit du commerce avec des partenaires de pays hors l’UE. Là, l’effet du cours de change de l’euro, par conséquent du lev bulgare, est considérable.
Quand l’euro se dégrade par rapport au dollar et aux autres grandes devises, les importateurs bulgares sont obligés d’acheter plus cher et les exportateurs encaissent des revenus plus faibles parce que leurs produits et services sont devenus moins coûteux pour les acheteurs qui payent en dollars. Théoriquement, les exportations bulgares devraient être plus attractives pour les partenaires étrangers, parce qu’elles deviennent moins chères. Et finalement, cela devrait doper les exportations bulgares. Mais pratiquement, dans le monde globalisé d’aujourd’hui, les choses ne se passent pas complètement comme ça, vu l’énorme concurrence, et en réalité les exportations bulgares vers des pays tiers enregistrent dernièrement une baisse. En bref, ni les importateurs, ni les exportateurs bulgares vont tirer profit de la dépréciation de l’euro. Les consommateurs bulgares, eux aussi, ressentent les effets de ce phénomène parce que l’appréciation du dollar entraîne une augmentation des prix de nombre de marchandises importées, essentielles pour les ménages, tels que les appareils électroménagers et le matériel informatique. Même les prix en chute libre des carburants vendus à la pompe auraient été beaucoup plus bas, si le dollar n’avait pas bondi, puisque les paiements au principal fournisseur de pétrole et de gaz, qui est la Russie, se font en dollars.
Pour conclure, le bateau bulgare est bien ballotté par la tempête monétaire qui sévit actuellement dans le monde. Tout de même, c’est un soulagement que la Bulgarie commerce principalement avec des pays qui utilisent la même monnaie, c.-à-d. l’euro. Ainsi notre pays évite, dans la mesure du possible, les impacts négatifs des fluctuations des taux de change.
Version française: Sia Karaguiozova
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