Au terme de deux années de pourparlers douloureux, le 8 avril a enfin été signé un accord entre la Compagnie nationale d’Electricité /CNE/ et les deux centrales thermiques américaines AES et Contour Global qui opèrent dans le pays. L’accord prévoit une modification des contrats de longue durée d’achat d’électricité avec les compagnies et le prix que le monopoliste d’Etat applique. Le fait est en soi très encourageant de plusieurs points de vue surtout qu’il ne présage pas une augmentation des prix de l’électricité. Il suffit de rappeler que le premier gouvernement de Boyko Borissov a dû démissionner il y a deux ans justement à cause des prix insoutenables de l’énergie électrique que la population était amenée à payer.
A compter du 1er juillet 2015 le prix payé par la Compagnie nationale d’Electricité à Contour Global pour le fait de tenir ses puissances prêtes à s’activer en cas de besoin, dénommé « prix de disponibilité » sera diminué de 17%, 14% pour le prix appliqué à AES. La réduction apporterait des bénéfices directs à la Bulgarie d’environ 600 millions d’euros en dix ans. En contrepartie, la Compagnie nationale d’Electricité s’engage à rembourser d’ici fin juin, ses dettes accumulées envers les deux centrales d’élevant à 365 millions d’euros, pour que ces dernières puissent, de leur côté, s’acquitter de leur dû aux mines de charbon qui les approvisionnent en carburant.
Tout aurait été merveilleux et mériterait même des applaudissements, sans parler de l’exemple de l’attrait de nouveaux investisseurs, s’il n’y avait pas eu quelques petits détails déconcertants.
Les consommateurs finaux d’électricité n’en ressortent nullement gagnants de l’affaire, car pour eux les prix sont déterminés par la Commission de régulation de l’énergie et de l’eau représentant un mix complexe des tarifs des différents producteurs y compris des fournisseurs d’électricité verte qui revient cher mais qui bénéficie de tarifs préférentiels.
La Compagnie nationale d’Eléctricité, endettée jusqu’au cou n’est réellement pas gagnante non plus, seules ses dépenses diminuent. Et tout cela à un moment où l’énergétique bulgare dans l’ensemble et surtout la production et le commerce d’énergie électrique en particulier, traversent une crise jamais vue et accumulent d’énormes dettes. Pour couronner le tout, la Compagnie nationale d’Electricité se voit imposer, par les clauses du nouveau contrat l’urgence de trouver une somme importante d’argent qui sera devra être versée aux Américains dans un délai de deux mois. Or, la CNE ne dispose pas d’une telle somme. En revanche, elle a une dette de plus de 1.5 milliard d’euros à rembourser. En clair, elle se voit dans l’obligation de contracter un nouvel emprunt qu'elle devra rembourser tôt ou tard avec les intérêts.
La plupart des experts estiment que lorsqu’on vend de l’électricité au prix inférieur à son prix de revient il est évident d’être à perte et d’accumuler les dettes. D’autres experts non moins renommés, des politiques et des sociologues rappellent que plus de 90% des Bulgares appartiennent à la catégorie des socialement démunis du point de vue de l’Occident et ne peuvent se permettre de payer un prix d’électricité plus élevé. Sans oublier que l’année 2015 est une année d’élections municipales ce qui signifie que la classe politiques ne peut se permettre de se tirer une balle dans le pied en permettant une éventuelle augmentation des prix. Ce jeu de funambule ne pourrait naturellement se prolonger à perpétuité, mais le fait est qu’en ce moment, les conditions politiques et sociales nécessaires pour la lourde intervention chirurgicale qui surviendra tôt ou tard ne sont pas présentes. De ce point de vue, la transaction avec les deux centrales américaines n’est rentable que pour la classe politique bulgare.
Version française : Lubomira Ivanova
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