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2012 : Disparition de l’immense pianiste Alexis Weissenberg

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Photo: archives

« C’était le plus beau pianiste de son temps. Il était élégant, fier et inégalé, comme s’il était né avec son costume trois pièces en 1929 ». C’est ainsi que le journal berlinois Die Welt décrit l’immense pianiste bulgare d’origine juive Alexis Weissenberg. Né à Sofia, il reçoit une éducation cosmopolite. Il est scolarisé dans une école italienne, avec ses parents il parle en français, à l’école avec ses camarades en bulgare. Sa mère, ses tantes et son oncle maternels avaient fait leurs études au Conservatoire de Vienne. Alexis commence les leçons de piano à l’âge de 4 ans. Dès son enfance, il suit les cours du compositeur Pantcho Vladiguérov. Voici ce que se souvient de lui le compositeur, dans une interview des archives de la RNB.

« Avant je ne croyais pas en l’existence d’enfants géniaux. Jusqu’à ce qu’on m’a amené Alexis Weissenberg et il s’est mis à jouer du piano. Alors, j’ai compris que son talent est exceptionnel. J’ai été impressionné par son oreille musicale parfaite. Il intégrait tous les styles de musique. Il jouait les concerts de Mozart en la majeur, do mineur et ré mineur, des sonates de Beethoven, du Bach, Schuman, Chopin et Liszt ». 

Pendant la Seconde guerre mondiale, avec sa mère, il arrive à s’échapper d’un camps de concentration bulgare. Ils ont été aidé par un officier allemand, amoureux de Schubert. Ils arrivent à Istanbul et de là ils fuient à Tel Aviv. Là-bas, Alexis continue son éducation musicale et à l’âge de 14 ans, il joue le Troisième concerto de Beethoven, accompagné par l’orchestre de la Radio nationale de Jérusalem. Ensuite, il fait sa première tournée en Afrique du Sud, où il donne 15 concerts. Dès cette époque est néée la légende d’un Alexis Weissenberg, qui a vendu son âme au diable pour devenir un virtuose du clavier.

En 1946 il part avec une bourse à New York, où il étudie à Juilliard School. En 1947 il est lauréat du concours Leventritt et donne ses premiers concerts à Carnegie Hall. C’est ainsi que commence la carrière fulgurante d’un des plus grands pianistes du 20e siècle, qui traverse toutes les grandes scènes d’Europe, des Amériques et d’Afrique.

En 1967, Herbert Von Karajan l’invite pour interpréter un concert de Tchaykovski, dans un film dédié au grand compositeur russe. C’est ainsi qu’il devient très célèbre et commence à recevoir des invitations de Lorin Maazel, Claudio Abbado, Léonard Bernstein, etc. 

Les critiques sont envoutés, ils appellent le pianiste « un prince qui incarne la musique ». Voici un enregistrement du Fond d’or de la RNB, avec Alexis Weissenberg jouant Tchaïkovski sous la direction de Herbert Von Karajan.

Dans son autobiographie, le producteur de disques français Michel Glotz, prête une attention particulière à Alexis Weissenberg.

« Je voudrais aussi parler de l’immense culture d’Alexis dans les domaines de la littérature, architecture, philosophie et théâtre. Il a étudié toutes les sphères de la vie, comme un enfant doué qui reste émerveillé par le monde. Sur le plan musical, il n’a pas de limites ».

Tout au long de sa vie, le pianiste découvre et aide de nombreux talents comme Yo-Yo Ma, Jean-Bernard Pommier et bien d’autres.

En 1972, Alexis Weissenberg retourne en Bulgarie, invité par Pantcho Vladiguérov. Mais il n’est pas bien reçu, alors qu’il propose d’organiser à ses frais un concours portant le nom du grand compositeur. Il donne un grand concert dont le pianiste Konstantin Ganev se souvient : 

« Il est difficile de décrire avec des mots la force magique de l’artiste et son impact. Cette magie émane de tout son être : son apparence extérieure et son comportement sur scène, ainsi que de la profondeur de sa sensibilité, intellect et rapport au monde. Lorsqu’il joue quelque chose, pas un seul muscle de son visage ne bouge. Tout est son – ce son très clair, en relief, comme découpé à la hache, qui peut se métamorphoser à l’infinie ».

Voici ce qu’Alexis Weissenberg dit de lui-même: « C’est quelque chose qui me vient de l’intérieur, quelque chose de primaire, qui ne dépend pas de moi, c’est purement psychologique. Je suis resté Bulgare dans l’âme, dans l’esprit, dans l’imagination et je vais le rester jusqu’à la fin ».

Son lien avec la Bulgarie et ses talents qu’il a toujours soutenu a duré tout au long de sa vie. Il voulait retourner dans son pays, mais la mort l’a emporté le 8 janvier 2012 en Suisse.

Version française : Miladina Monova




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