La Banque corporative,  qui était la 4^e banque de Bulgarie, a été déclarée en faillite à grand bruit en 2014 suite à la mauvaise gouvernance et aux abus de son propriétaire majoritaire Tsvetan Vassilev. Il est devenu clair que la banque avait octroyé à tour de bras des crédits sans garanties et ce, surtout à des compagnies appartenant ou contrôlées par cet individu qui par ailleurs avait été sacré à deux reprises Banquier de l’année. La banque s’est retrouvée à tel point pillée et siphonnée que l’Etat s’est vu contraint d’emprunter sur les marchés internationaux plus de 2 milliards d’euros pour que les dépôts des particuliers et des sociétés garantis par la loi puissent être versés. Cela a provoqué une véritable mini crise financière nationale et l’argent emprunté devra être bientôt remboursé par tous les Bulgares. Entretemps, l’hyper riche propriétaire de la banque s’est réfugié en Serbie et n’ose plus mettre les pieds en Bulgarie malgré ses incessantes affirmations qu’il n’a rien fait de mal.

Les administrateurs judiciaires de la banque en faillite essaient toujours de collecter les crédits accordés pour rembourser au moins quelque chose à l’Etat, mais leurs succès ne sont pas impressionnants. A la lumière de cette impuissance, la très controversée au niveau de son efficacité et de sa raison d’être Commission de saisie de biens acquis illégalement s’est décidée de prendre en mains cette affaire sulfureuse. Elle vient de déposer au tribunal une demande de saisie de biens de Tsvetan Vassilev d’une valeur de plus de 1 milliard d’euros. Ces actifs astronomiques font probablement de lui l’homme le plus riche en Bulgarie et c’est certainement un record en Europe. En effet, une demande de confiscation de telle ampleur aurait sans aucun doute attiré ailleurs l’attention publique et les medias ne l’auraient pas ignorée. Sur la liste des biens matériels et immatériels que la Commission espère saisir on peut voir des biens immobiliers d’une valeur de 50 millions d’euros. Un immeuble administratif de la Banque corporative à Sofia, un immeuble d’appartements, quatre appartements, quatre mansardes, un garage souterrain et deux garages en surface, deux places de parkings, deux terrains, deux entrepôts, deux pavillons dans des jardins, etc. A Sozopol, au bord de la mer Noire, Tsvetanov possède une villa avec un barbecue, un garage et une piscine, tout comme une autre parcelle foncière, à Varna et à Tsarevo il a acheté des appartements. La Commission a réussi à établir un lien entre le banquier et une résidence de luxe en Suisse d’une valeur de 24 millions d’euros. La Commission exige la saisie de 6 millions d’euros supplémentaires sur des comptes en banque, tout comme de 3 Mercedes valant plus de 500 mille euros. La demande de la Commission concerne également des parts de sociétés pour plus de 70 millions d’euros, des actions d’une valeur de plus de 300 millions d’euros, des tableaux pour près de 500 mille euros, tout comme 190 pièces de monnaie de valeur numismatique de plus de 400 mille euros. En plus de cela, la Commission a réussi à bloquer plusieurs comptes en banque de Vassilev en Suisse.

Toujours est-il que les experts ne font pas preuve d’un très grand optimisme au sujet de l’éventuel succès de la requête déposée au tribunal. Premièrement, Tsvetan Vassilev n’est pour le moment inculpé de rien officiellement. Deuxièmement, il sera incroyablement difficile de trouver des preuves que ces biens matériels et immatériels ont été acquis de manière illégale. Tsvetan Vassilev est probablement capable de présenter tous les documents nécessaires sur les origines de l’argent quand on sait que c’était qui donnait cet argent à lui-même. Troisièmement, la Commission de saisie de biens acquis illégalement n’est pas en mesure en ce moment de se vanter de succès considérables bien qu’elle existe depuis longtemps. Selon les chiffres annoncés, cette commission a réussi jusque-là à obtenir l’approbation du tribunal de requêtes d’un montant d’à peine 8 millions d’euros. Ce qui  ne suffit même pas à couvrir les frais de son fonctionnement. Et, enfin, il est fort douteux qu’un beau jour dans les caisses de l’Etat on verra se déverser réellement 1 milliard d’euros de la vente du patrimoine du banquier qui a conduit à la faillite sa propre banque. Le chef de la Commission de saisie Plamen Gueorguiev lui-même a avoué que réellement on pourrait s’attendre à toucher environ 700 millions d’euros. Ce n’est pas si mal, mais même cette somme semble légèrement exagérée quand on sait l’énorme influence que Tsvetan Vassilev continue d’exercer partout dans le pays et à tous les niveaux. Quand on ajoute à tout cela les carences et défauts de la justice en Bulgarie et ses dépendances par rapport aux hommes forts du jour les choses deviennent encore plus incertaines. Nous suivrons de près ce passionnant feuilleton consacré aux appétits démesurés et à la cupidité des nouveaux-riches et des moyens qu’ils utilisent pour assouvir leur faim de posséder toujours plus. Dans un article spécial nous allons parler également des manœuvres et de l’habileté incroyable de tirer profit de sa condition officielle dans la politique de député pour son empire médiatique, de tabac et industriel de Delian Peevski, un des plus proches autrefois du cercle de Tsvetanov. La fin brutale de leur amitié et partenariat a précipité l’effondrement de la pyramide du banquier.

Version française: Vladimir Sabev