Avons-nous besoin du théâtre et est-il en phase avec notre époque ? Cette question vient à l’esprit en regardant les affiches. Et la réponse est toute trouvée,  car une partie des sujets sont d’actualité depuis des siècles. Seulement au temple de Melpomène les paroles, les regards et les gestes sont en parfaite symbiose. Et c’est là que transpire la magie de l’art le plus ancien. Nous vous présentons la jeune actrice et metteur en scène Néda Sokolovska, qui développe un genre théâtral encore peu connu– le théâtre documentaire. Par définition, le théâtre documentaire est une forme de théâtre qui traite d'évènements politiques ou sociaux historiques ou contemporains. Il s’appuie sur des reportages, des comptes rendus, des interviews et autres documents juridiques ou historiques. Bien que le sujet authentique soit rendu en règle générale de manière inchangée, il s'agit d'une forme d'art fictionnelle.

D’où vient l’intérêt pour ce voyage dans l’inconnu :

J’ai du mal à me souvenir du moment où j’ai décidé de m’occuper de théâtre documentaire. Je pense que c’était en 2009 quand je suis partie faire des études en Finlande. Là-bas les formes alternatives sont bien développées et d’enseignement même interpelle la réflexion  et la recherche de son propre chemin et langage dans l’art. Je me suis rendu compte que les choses qui se passent autour de moi m’intéressent. Les situations du quotidien transposées directement sur le plateau sont pour moi plus importantes, plus essentielles et paradoxales que les situations inventées mises en scène à partir de textes.

Ainsi, Néda Sokolovksa  cherche à employer les mots de la vie de tous les jours, ce langage vivant qui ne repose pas sur des textes inventés. Les gestes doivent être naturels et non pas prétentieux ou surjoués. Les sujets qu’elle choisit pour ses spectacles sont destinés à divers groupes sociaux qu’elle estime invisibles ou transparents pour les autres. Les handicapés, les gens à orientation sexuelle non traditionnelle, les sans-abri et les miséreux oubliés et abandonnés quelque part dans la périphérie de la société. L’Etat ne cherche pas à résoudre leurs problèmes et fait comme s’ils n’existaient pas. SelonNéda, nous ne devons pas ignorer les autres et de les considérer comme des étrangers. Nous devons essayer de les comprendre et de les aider s’ils le demandent. Chacun de nous à son histoire qu’il veut partager.

Avec son équipe Néda Sokolovska travaille depuis six mois sur une initiative dénommée « Entrée » dont elle a bien voulu nous parler :

« Cette plate-forme est appelée à  diffuser l’art documentaire, tout en élargissant ses perspectives parce que en ce moment très peu d’artistes et troupes s’en occupent. Il existe des grands risques de marginalisation car le sujet n’est pas traité. L’idée d’ «Entrée» est de présenter des spectacles étrangers d’artistes et théâtres qui ont un objectif social ou qui abordent les problèmes de notre quotidien. Un des projets est du type Académie théâtrale et il met en relation les metteurs en scène, les comédiens, les scénographes, et le dramaturge, qui choisissent ensemble un sujet de l’espace publique. Réunis autour de ce thème, au bout de deux heures, ils donnent une idée de spectacle qui peut se réaliser ou pas. Un autre programme développé par «Entrée» est le soutien aux jeunes étudiants ayant une certaine expérience dans le domaine documentaire dans la perspective de la réalisation d’un spectacle. C’est une chance pour eux de présenter leur travail devant le public.

Autre idée que Néda Sokolovska espère réaliser, sous la dénomination «Les matériaux recyclés». Il s’agit d’un appel aux citoyens à mettre à  disposition leurs anciens agendas et lettres au lieu de les jeter. De  cette manière, ils permettront de préserver la nature et leurs dons pourront servir à la constitution d’une archive, source d’inspiration de l’équipe  pour de nouveaux spectacles.

Version française Yana Tomova

Crédit photos : Compagnie de théâtre documentaire VOX POPULI