„Ce matin, alors qu’il ptidéjeunait (oh, c’était un pti dej’ tout simple — du pain au miel, deux tartines tout au plus, nappées de marmelade, oh, juste un petit peu),il composa une nouvelle chanson. …“

Eh oui, vous avez deviné, il s’agit d’un extrait des aventures de Winnie  l’Ourson, personnage anecdotique et incontournable haut en couleurs qui nous vient immédiatement à l’esprit quand on pense miel et gâteaux qui fondent dans la bouche. Toutefois,faire le parallèle entre recettes culinaires et littérature ne se limite pas, et de loin, au célèbre livre d’Alan Milne. On pense aussi aux crêpes de Fifi Brindacier d’Astrid Lindgren, au cake au chocolat de Matilda de Roald Dahl, à la nourriture engloutie par Karlsson sur le toit qui vient chaparder à la maison de Petit-frère. Et la liste peut s’allonger encore …La nourriture est omniprésente en littérature, le plus dur c’est de créer une recette et de la faire apprécier de tous ceux qui ont lu le livre dans lequel ils l’ont trouvée, pour le moins autant que le livre, n’est-ce pas ?

Et son goût, c’est quoi en fait? « Le côté doux de la littérature“, telle pourrait être la définition la plus courte del’idée de deux jeunes filles de Sofia qui se font appeler « Trouble bakers ».

Qui sont-elles? Nous sommes allés à la rencontre de Dessislava Ivanova et Prolet Trifonova - les deux jeunes filles aux quelles nous devons l’excellente idée de faire des recettes farfelues qu’elles ont puisées dans les contes, de délicieuses gourmandises, appréciées des connaisseurs.

Comment est née l’idée des “ Troublebakers“ et qu’est- ce qui motive les deux amies?

Le déclic est venu du fait que nous sommes des lectrices passionnées, nous aimons manger et nous aimons faire la cuisine.Nous avons décidé de faire du "trois en un" et partant de là, aider à populariser les livres.

Et l’amour de la cuisine, il est venu comment?

Nous raffolons de gâteaux toutes les deux. Depuis des années nous en confectionnons pour nos amis, pour des anniversaires, pour toutes sortes d’occasion et autres fêtes. C’est ainsi que l’idée des Trouble bakers a fait son chemin. Je suis persuadée que c’est le point de départ pour celui ou celle qui aime faire la cuisine ou quoi que ce soit de ses propres mains. Ou encore, sur la demande de quelqu’un de ses proches. C’est exactement ce qui s’est passé avec nous, nous avons commencé à expérimenter et c’est comme ça que tout est parti. 

Vos personnages et vos livres préférés?

Tout récemment, nous nous sommes entichées des hobbits. Nous nous identifions à eux non seulement parce que nous sommes attirées par l’aventure, mais aussi parce que nous aimons bien manger. Nous répétons souvent que dans le Seigneur des anneaux il y a de la bonne nourriture qui pourrait être transférée dans la vie réelle.

Décidément, il y a pas mal de choses qu’on peut apprendre des hobbits en matière de cuisine. Il suffit de penser à l’autre roman de l’épopée de Tolkien, à la magie du lembas, le pain de voyage des elfes. Prolet Trifonova et Dessislava  Ivanova comptent bien parvenir à l’obtenir. Où se cache le secret ?

Le secret c’est que chacun apporte quelque chose de nouveau et de meilleur à notre recette. Au début il n’y avait que des dattes, après on nous a proposé d’y ajouter des pommes. La recette exacte nous ne la connaissons pas. Nous faisons la cuisine sans nous plier à des recettes exactes. Il suffit que la nourriture soit évoquée et nous la voyons en imagination, ainsi que l’aspect et la forme qu’elle prend, toujours selon nous. Avant de passer à l’acte, nous allons sur internet pour voir comment les gens s’y prennent pour la préparer. A les écouter, il faudrait y incorporer des graines de chia. Nous ne savons pas ce que pensait Tolkien à propos des graines de chia, mais nous, nous avions une autre idée. Au final, ce que nous avons créé c’est une composition suffisamment calorique. N’avait-il pas écrit lui-même qu’une seule bouchée suffisait à remplir l’estomac de l’homme. Nous ne pouvons affirmer avec certitude que nous avons tout bon, mais nous pensons que nous frôlons la réussite. En plus de la pomme, nous avons ajouté aussi du sirop d’érable pour épaissir et enrichir le goût.

A la question ont-elles confectionné les gâteaux, décrits dans les livres d’Alice, Dessislava Ivanova répond que non, mais s’empresse d’ajouter, que leur but est de mettre l’accent sur des livres qui sont restés quelquepart un peu dans l’ombre et, qui gagnent à être connus.

Les deux amies apprenties chefs ont une idée chère à leur cœur : mettre au point une panoplie d’activités pour desenfants de différents groupes d’âge – par exemple composer des contes avec de la nourriture qui pourrait être préparée. Et aussi, elles croient dur comme fer qu’avec le temps, la lecture - un exercice obligatoire et rébarbatif pour certains, peut devenir un pur plaisir.

Pour reprendre en gros l’idée de Clive S. Lewis, l’auteur du Monde de Narnia :

« Manger et lire sont deux plaisirs qui se complètent merveilleusement bien. »

Version française : Roumiana Markova