La Journée mondiale de l’eau mérite bien d’être marquée en Bulgarie et pour de bonnes raisons. Rappelons tout d’abord que dans certaines régions du monde elle est une ressource naturelle rare ou alors en voie de le devenir. Depuis la Conférence de Nations Unis à Rio de Janeiro il y a 22 ans, l’eau est au cœur des missions de l’organisation en matière de développement durable. La gestion propre des eaux contribue à la réduction de la pauvreté, à la croissance économique et à la sauvegarde de l’environnement. En Bulgarie la date sera marquée par l’initiative « J’aime l’eau », organisée par l’Association bulgare des eaux.

Antoanéta Salfidge nous a parlé du programme de sensibilisation du public sur cette thématique.

« Ce n’est pas une Journée mais une Semaine de l’eau que nous organisons. Cette année elle se déroulera à l’Université d’architecture, de génie civil et de géodésie à Sofia, qui vient d’avoir 75 ans. Nous organisons une exposition compétition sur le thème des fontaines de Bulgarie. Elle est ouverte depuis une semaine et nous allons bientôt annoncé le gagnant ».

Nous avons demandé à Antoanéta Salfidge quel est l’état des réserves d’eau en Bulgarie et est-ce que nous en prenons soin comme il faut ?

« Tout d’abord, il faut savoir que la Bulgarie a des réserves suffisantes d’eau potable, alcaline et propre. Elle est en grande quantité par rapport à d’autres pays et continents. Probablement à cause de cela nous ne faisons pas attention à l’eau, on la considère comme une donnée naturelle qui sera toujours là. Or, les temps ont changé, avec le développement de la société nous avons besoin de technologies plus complexes pour entretenir les eaux propres et assainir les eaux usées. C’est aussi un secteur d’innovations, il faut innover dans la gestion des eaux et leur distribution et cela a un prix. A Sofia, le prix de l’eau a augmenté de 18% et on nous dit qu’il va augmenter de 50% en 5 ans, ce qui est énorme. Le concessionnaire de la municipalité de Sofia justifie cette augmentation par ses dépenses d’investissement pour moderniser les infrastructures ».

Le prix de l’eau augmente, mais dans le même temps nous savons que dans beaucoup d’agglomérations en Bulgarie l’eau du robinet coule sale et rouillée et les tuyaux de distributions sont vieux de plusieurs décennies. Il y a des fuites en permanence dans les vieilles conduites et on gaspille l’eau potable. D’autre part, dans certains quartiers « chics » de Sofia il n’y a même pas de canalisations. On se demande ce que fait la Ville de Sofia, sachant que les « fuites » sont facturées aux ménages.

Pour A. Salfridge, le concessionnaire s’occupe en priorité des eaux usées et de projets de construction de grandes et chères stations d’épuration, alors que la rénovation des réseaux d’évacuation n’est toujours pas sérieusement entreprise.

« Le développement du réseau de distribution d’eau potable est laissé au second plan, continue notre interlocutrice, et d’ailleurs on ne sait pas trop où on en est avec la construction des fameuses stations d’épuration qui coutent aussi cher. C’est un grand problème en Bulgarie, mais on n’en parle qu’au niveau experts. Mais que se passe-t-il avec les tonnes de boues cumulées dans les stations d’épuration, après les traitements ? Ce sont de vraies bombes à retardement et si on ne s’en occupe pas très rapidement nous allons avoir un gros problème écologique. Pourtant, on constate que tout le monde se tait ».

Version française : Miladina Monova 

Crédits photos: waterbridge.info