Un regard sur le monde, la parole, l’arme la plus puissante qui atteint en quelques minutes les points les plus éloignés. Vous l’avez deviné c’est la radio. Elle n’offre pas d’image, pourtant elle visualise tout et illustre le monde avec un impact d’autant plus saisissant qui reste gravé dans le cœur et l’esprit de l’auditoire.  Instrument de manipulation et de contrôle, mais aussi source d’information, de savoir et de culture, qui coule en harmonie véhiculée par la voix de ses animateurs.

A cette date il y a plus de 120 ans est testé le prototype du premier émetteur de signal radio. A l’époque personne n’imaginait que cette invention deviendrait un des plus puissants moyens de communication et d’information. Qu’est-ce que la radio de nos jours, alors qu’il suffit d’un clic pour surfer sur la Toile et voyager à travers le monde, avons-nous demandé à Latchézar Totchev de la Faculté de journalisme et de communication de masse de l’Université de Sofia Saint Clément d’Ohrid ?

"Ce qui fait la différence avec les débuts de la radio c’est la brièveté ; aujourd’hui tout est dynamique, on ne peut pas se permettre de s’étendre, il faut aller à l’essentiel. Il y a une soixantaine d’années les gens n’avaient pas la télé, l’ordinateur, des images qui défilent dans leur salon. Ils s’asseyaient tranquillement pour écouter la radio. Aujourd’hui on écoute la radio entre autres, en conduisant, en faisant la cuisine…. Voilà  pourquoi aujourd’hui il faut s’exprimer de manière concise, être bref, compact, dense pour gagner l’attention, établir le contact et soutenir l’intérêt de l’interlocuteur. C’est ici qu’internet a sa place, au plan technologique, on peut y retrouver, voir et revoir ce qu’on n’a pas eu l’opportunité d’écouter à la radio : musique, information, les podcasts radio sur internet sont là pour nous dépanner."

N’y a- t- il pas danger qu’Internet signe l’arrêt de mort de la radio ? 

"La même question s’est posée avec l’apparition du petit écran bleu. Plus en amont, la même chose est survenue lorsque les frères Lumière ont inventé les petits bonshommes qui se démenaient sur le grand écran. Pourtant la vie a montré qu’il n’y a pas place pour ces angoisses. Internet n’est rien d’autre qu’une nouvelle niche d’information et de communication qui vient se greffer au système sans tirer un trait sur les autres canaux d’information qui  fonctionnent sans faute."

Les percées technologiques mises à part, la radio n’en demeure pas moins le leader dans l’information, là où Internet et les autres médias ne peuvent assurer la liaison. Radio Bulgarie avait des excellents résultats dans la diffusion de ses émissions en OC, la panoplie linguistique, elle émettait en 11 langues, ses programmes étaient une véritable richesse culturelle et informationnelle puisqu’elle est apparue en 1936. Des DXers ont même proposé de faire inclure au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO les émissions sur OC et en ligne.

Bon nombre d’auditeurs ont exprimé le souhait de poursuivre le voyage à travers la Bulgarie sur les ondes de Radio Bulgarie, d’écouter notre musique et d’enrichir leurs connaissances avec l’histoire millénaire de notre pays. Las, la voix de Radio Bulgarie s’est tue et seuls sont restés ceux qui nous suivent sur Internet. Or Internet n’est pas omniprésent ! …

"C’est bien regrettable en effet parce que les OC étaient un instrument très efficace. C’est bien plus cher, j’en conviens mais il s’agit de la présence de la Bulgarie à l’échelle du monde. Je ne vais pas commenter cette décision mais j’estime que c’est une lourde perte. Cela reviendrait à fermer la base bulgare en Antarctique parce que son entretien coûte trop cher …" – dit en conclusion Latchézar Totchev.

Version française : Roumiana  Markova