Au Moyen Age, les monastères et églises creusés dans le rocher, sur le courant de la rivière Lom près de Roussé étaient des hauts lieux de la vie spirituelle, culturelle et monastique et sous la protection des rois bulgares. Le complexe monastique le plus important est celui de Saint Archange Michail, à proximité du village Ivanovo, à 20 km de Roussé. Il est constitué de 20 petites églises, chapelles et cellules de moines creusées dans la roche en hauteur, reliées par des sentinelles et escaliers.
Le monastère Saint Archange Michail a été bâti au 13e siècle, à l’initiative du moine Yoakim qui plus tard devient patriarche de l’église orthodoxe bulgare. Entre les 13e-14e siècles, les plus grands peintres de l’Ecole de Tarnovo réalisent les fresques murales. Celles-ci sont représentatives de la tradition byzantine des dynasties des Comnènes et des Paléologues. Actuellement, dans ce complexe nous pouvons visiter seulement l’église Sainte Mère de Dieu, dont les fresques datent du 14e siècle et représentent un sommet dans l’art médiéval orthodoxe.
Todor Petrov est guide-accompagnateur sur le site. Il nous a parlé de l’histoire du lieu.
« Le monastère est resté occupé par des moines jusqu’au milieu du 14e siècle. Avec l’invasion ottomane il se vide progressivement. Aujourd’hui, il n’y a pas d’offices religieux pratiqués ici, ni de vie monastique renouvelée. Tout le complexe s’étale sur un espace de 5 km2, avec toutes les églises et espaces d’habitation. L’ensemble est connu sous le nom d’Ivanovski monastère rupestre. L’église Sainte Mère de Dieu est classée patrimoine universel par UNESCO dès 1979. La plupart des fresques représentent la vie de Jésus de la Semaine de la passion ou la dernière semaine de sa vie sur Terre. Il n’y a pas eu des travaux de restauration mais seulement de conservation. Cette église est la plus récente dans l’ensemble monastique, elle a été commandé par le roi Ivan-Alexandre (1331-1371), qui a été l’avant-dernier souverain avant l’invasion ottomane. En signe de gratitude, les moines ont commandé une fresque du roi, que l’on peut voir aujourd’hui à gauche de l’entrée principale de l’église. »
L’aménagement de l’espace monastique continue les années 30, lorsque le grand archéologue tchèque Karel Škorpil bâti le passage pour l’entrée actuelle dans l’église. Les fresques murales qui sont bien conservées témoignent de l’influence de l’hésychasme - pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l'Église orthodoxe qui prône« l'immobilité, le repos, calme, le silence ». Les peintures combinent canon orthodoxe byzantin et réalisme, ce qui les rend uniques. Au cours des siècles des nouvelles techniques de peintures sont introduites, sous l’influence de la Renaissance italienne. On reconnait la technique italienne « a fresco » qui consiste à peindre plusieurs couches sur un enduit qui n'a pas encore séché, ce qui permet une plus grande longévité des couleurs.
« Les peintres pouvaient poser jusqu’à 18 couches consécutives -, continue Todor Petrov. La peinture était à base minérale, à partir de matériaux des environs. Si les fresques sont aussi bien conservées, c’est dû aussi à l’usage des bougies. A cette époque elles étaient fabriquées à partir de graisse animale et paraffine. Pendant la combustion à l’intérieur de l’église, une partie de la matière évaporée se déposait sur les murs et ainsi a formé un fin film protecteur des fresques. Lors des travaux de conservation, cette couche a été retirée de manière à ce que les couleurs ne soient pas endommagées. Ainsi ont apparu les nuances originales dans toute leur splendeur. Or, il faut faire attention car désormais ces fresques ne sont plus protégées et peuvent être endommagées par l’érosion de l’air. A la demande de UNESCO les fresques ont été recouvertes avec une couche protectrice transparente, qui garantit la conservation des couleurs à long terme ».
Version française : Miladina Monova
Crédits photos : Darina Grigorova, Wikipedia
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