La Bourse bulgare des valeurs (BBV) a fêté ses 25 ans et à partir du 1 novembre elle a reçu en cadeau et accueilli les bons du trésor de l’Etat bulgare. Cette institution financière est supposée jouer un rôle-clé sur les marchés financiers et dans toute l’économie en tant que lieu où les actifs des compagnies sont évalués de la manière la plus transparente et équitable, tout comme de plateforme financière pour lever des capitaux. Mais depuis 1991, la date de sa réouverture après le communisme, elle n’a pas réussi dans ses efforts d’attirer les sociétés, les investisseurs bulgares et étrangers, ni les petits épargnants. Les raisons pour cette isolation sont au moins deux – le business bulgare n’est toujours pas suffisamment mûr pour évaluer les avantages de la bourse et, d’autre part, la bourse est trop petite et se place dans la périphérie dans le monde des affaires en Bulgarie. Et c’est justement pour ces raisons que sa capitalisation dépasse légèrement les 4 milliards euros, c’est-à-dire moins que la capitalisation boursière d’une seule et unique corporation du genre de Google ou Apple, par exemple.
L’arrivée en bourse des titres de l’Etat pourrait imprimer une nouvelle impulsion à la bourse bulgare. En effet, 2.8 milliards euros d’obligations gouvernementales sont maintenant à la portée depuis le 1 novembre de tous les investisseurs – domestiques et étrangers, corporatifs ou individuels.
Or, les bons du trésor intéressent vivement les investisseurs car sûrs, avantageux et liquides, c’est-à-dire qu’ils peuvent rapidement être vendus et achetés si nécessaire. Leurs taux sont garantis par les Etats et sont assez souvent intéressants d’autant plus que juste en ce moment les banques pratiquent des taux extrêmement bas, souvent même négatifs. D’autre part les bons du trésor bulgares sont devenus des titres attractifs même pour les investisseurs individuels en plus des investisseurs corporatifs, surtout les banques, les fonds de pensions, les compagnies d’assurances. En effet, il est maintenant possible d’acheter à la bourse de Sofia des bons du trésor d’une valeur minimale de 1000 euros. Ceci est une somme à la portée même des Bulgares moyens. On suppose qu’à la lumière des faibles ou négatifs taux des banques sur les dépôts, les bons du trésor seront intéressants pour pas mal de gens dans le pays. Et même pour les investisseurs étrangers car la direction de la BBV ne cache pas qu’elle vise précisément des investisseurs corporatifs étrangers avant tout. Au moins autant qu’avant la crise financière mondiale à la fin de la première décennie du 21e siècle quand ils contrôlaient 60-65% du marché boursier bulgare. Actuellement ce taux est trois fois moins grand. Cet effondrement concerne d’ailleurs également les investissements étrangers directs dans le pays qui ont diminué 8-9 fois par rapport à la période d’avant la crise. Dans le même temps l’économie bulgare est à court de capitaux car le business domestique n’est pas de taille tandis que l’économie nationale en pleine croissance a plus que jamais besoin d’argent frais pour réaliser et déployer son expansion.
En réalité tout le monde y gagnera si un marché des capitaux en bonne forme est mis en place en Bulgarie, la bourse elle-même tout d’abord. Elle a été rouverte il y a plus de 25 ans avec un grand enthousiasme par quelques experts financiers avec des connaissances sur les bourses de New-York, Londres ou Francfort et décidés de copier de la meilleure manière ces exemples pour les appliquer à Sofia. Malheureusement, la bourse n’a pas eu une grande chance dès ses débuts qui ont coïncidé avec la grande crise bancaire en Bulgarie qui a balayé une dizaine de banques et à la suite de laquelle des milliards se sont évaporés. Tout cela a provoqué une vague de méfiance à l’égard de toutes les sortes d’investissements dans des titres. D’autant plus que l’Etat, en fait le propriétaire majoritaire de la BBV, ne donnait aucune garantie sur la sécurité et la profitabilité des investissements dans des obligations et des actions. Nombreux étaient ceux qui ne voyaient dans la bourse qu’une nouvelle bulle financière et la méfiance est devenue chronique. C’est exactement pour cette raison que les compagnies ne voulaient pas introduire leurs titres en bourse et que les investisseurs boudaient cette institution financière de premier ordre. La crise bancaire a été surmontée, la confiance dans le secteur financier est revenue mais il manquait toujours quelque chose de très important et c’est comme ça que des chiffres d’affaires journaliers d’un modeste million euros réalisés à la bourse provoquaient la joie et l’euphorie des traders et de la direction de la bourse. Avec l’arrivée en bourse des bons du trésor il semble que les choses vont changer. D’autant plus que pendant une année la bourse ne prélèvera pas de taxes et des commissions sur les transactions avec des obligations gouvernementales. Ceci dit, on ne manquera pas de se poser la question pourquoi il fallait que l’Etat se mêle dans les affaires de ce temple du marché libre qu’est la bourse des valeurs en promettant même que bientôt il y aura à la bourse des actions de profitables compagnies d’Etat également. C’est comme ça qu’on procède partout dans le monde, expliqueront probablement les experts – l’Etat donne le coup de départ initial en attendant que le business surmonte ses craintes et son aversion. Espérons que la Bulgarie suivra et appliquera avec succès cet exemple. D’autant plus que le moment semble très propice car l’économie est en plein essor, le business est en croissance, les revenus des Bulgares aussi. C’est pour dire que l’argent ne manque pas même pour des investissements sur le marché des valeurs aussi boudé jusque-là. Reste maintenant aux "ours" et aux "taureaux" à se mobiliser pour que la bourse bulgare démarre une fois pour toutes.
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