Nous avons appris ces derniers jours deux nouvelles. Malheureusement, la première est mauvaise, la seconde est encore pire. Après plus de deux ans de déflation, la Bulgarie doit à présent faire face à l’inflation tant attendue par certains pour ses effets supposés positifs pour l’économie nationale. Oui, mais il se trouve que ce que l’on observe actuellement ce n’est pas l’inflation bénéfique modérée préconisée, mais une flambée des prix qui menace le pouvoir d’achat de la population. Car l’inflation s’accélère pour atteindre les 3.5%, un niveau record pour les 5 dernières années. Cette tendance, si elle est durable, pourrait même mettre en cause l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro tant voulue par les gouvernants à Sofia qui n’avaient pas jusque-là des problèmes au niveau de ce critère valable pour la zone euro. Le pays reste tout de même dans les niveaux acceptables mais cette tension ne manquera pas d’attirer l’attention de Bruxelles et de Francfort. Ce qui est encore plus préoccupant c’est que cette inflation « modérée » conformément aux standards internationaux, n’est pour la majorité des Bulgares pas du tout « modérée ». Cette inflation est provoquée par des facteurs internationaux et domestiques. Au niveau des facteurs domestiques on devrait en premier lieu souligner le rôle du grandissant pouvoir d’achat des Bulgares dont les revenus augmentent en permanence d’environ 10% par an. Les portefeuilles mieux garnis signifient une consommation plus grande. Dans la langue du monde des affaires ceci signifie que la demande est plus forte que l’offre. Or dans ce cas, selon toutes les lois économiques, les prix flambent. Au niveau des facteurs internationaux provoquant l’inflation on devrait tout de suite mentionner les prix en flèche de l’énergie en cette saison estivale où tout le monde voyage beaucoup plus que les autres mois de l’année. On devrait ici attirer l’attention sur un autre phénomène préoccupant – la croissance plus rapide des dépenses des Bulgares que leurs revenus. En effet, le revenu total d’un membre de ménage a atteint au second trimestre 2018 les 754 euros, soit une augmentation de 8.7% par rapport à la même période 2017, annonce l’Institut national de la statistique. Dans le même temps, les dépenses se chiffrent à 680 euros, soit 11.4% de plus qu’un an auparavant. Tout cela pour dire qu’il y a des réserves d’argent supplémentaires pour booster encore plus la consommation, c’est-à-dire l’inflation. Et cela au moins jusqu’à ce que les prix de détail en Bulgarie n’atteignent les niveaux moyens dans la partie développée de l’Europe. En plus de cela, les prix de détail en Bulgarie sont toujours plus bas que la moyenne en Europe centrale et de l’Ouest mais l’approfondissement de l’intégration dans l’Union européenne ne manquera pas de les pousser vers le haut.
La seconde mauvaise nouvelle que nous avons apprise ces derniers jours concerne le faible ralentissement de la croissance économique qui a atteint au deuxième trimestre les modestes 3.4%, le plus bas niveau depuis 2015. Ce qui est tout de même bien c’est que malgré tout il y a de la croissance du PIB. Mais c’est un faible réconfort pour un pays comme la Bulgarie qui est tellement en retard dans son développement économique par rapport aux pays industrialisés que de nombreux experts économiques ne cessent d’expliquer que pour surmonter ce gouffre dans un futur pas trop éloigné il faudra enregistrer une croissance de l’ordre d’au moins 10%. Pour le moment même les plus grands optimistes et les plus fervents adeptes du gouvernement au pouvoir qui ne se fatigue pas de se vanter de ses performances économiques n’osent pas se permettre des prévisions de cet ordre. En plus de l’inquiétante lenteur de l’expansion économique on ne devrait pas ignorer que le moteur de cette croissance est la consommation intérieure. Mais cette consommation n’est pas accompagnée de manière adéquate d’une augmentation sensible de la valeur ajoutée et des investissements dans du capital qui précèdent toute accélération de la croissance. Car en réalité la croissance assurée par la consommation n’est pas durable et stable, elle n’a pas de base solide. Il n’y a pas longtemps encore, les experts économiques des autorités estimaient que cette année l’économie nationale sera à son apogée et qu’il existe même des risques de surchauffe. Ce que nous venons d’apprendre ces derniers jours cependant provoque des doutes. Il n’y a pas seulement les chiffres de la statistique qui nous amènent à de telles hésitations mais aussi les évolutions de plusieurs pays d’Europe Centrale et de l’Est, la Pologne et la Tchéquie notamment, où la croissance s’est sensiblement essoufflée et perd de la vitesse. Il semble que la Bulgarie aussi n’échappera pas à ce ralentissement.
Au début nous avons mentionné deux mauvaises nouvelles économiques pour la Bulgarie. Mais dans notre monde tout est relatif et en parlant de « mauvaises nouvelles » nous n’avons pas à l’esprit une crise ou une récession. Car il ne s’agit dans le cas précis que de signes indiquant qu’il devient de plus en plus nécessaire d’appliquer les réformes structurelles nécessaires et de mener une politique économique proactive de la part des autorités.
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