L’Église orthodoxe marque le 14 septembre l’Exaltation de la Sainte Croix Glorieuse. Ce jour nous rappelle la découverte du Crucifix du Christ au IVème siècle. La fête est établie en rapport avec des événements importants dans l’histoire de l’église du Christ. Parmi eux figurent l’apparition miraculeuse de la Sainte Croix devant l’empereur Constantin le Grand, la découverte de la Sainte Croix au Golgotha par la mère de Constantin, l’impératrice Hélène, ayant visité les lieux saints en Palestine et le retour de la vivifiante Croix après que celle-ci avait été dérobée par les Perses. Ceux, qui accompagnaient l’impératrice Hélène prenaient dans leurs bras et embrassaient la Croix Divine. Ainsi d’un moyen de punition, elle est devenue un moyen de salut. La croix s’est transformée en un symbole et un drapeau des Chrétiens et avec elle ils parvenaient à vaincre le mal.
En Bulgarie, l’Exaltation de la Sainte croix est liée au site magique de Krastova gora (la Forêt de la Croix), un lieu de pèlerinage (comme Lourdes en France), située à 1413 m d’altitude dans le massif central des Rhodopes. C’est dans ce site qui concentre la ferveur qu’en 1956 est érigé le monastère de la Sainte Trinité, à l’emplacement d’un ancien sanctuaire, et qu’en 1995 est érigée l’église de l’ « Intercession de la Mère de Dieu».
Après sa consécration, chaque année, dans la nuit du 13 au 14 septembre, des milliers de fidèles de Bulgarie et de l’étranger affluent sur le site pour implorer Dieu et espérer la guérison. En effet, les fidèles croient que l’endroit où la montagne forme une croix abriterait un fragment de la Sainte Croix, que la reine Hélène a confié à son fils, l’empereur Constantin. Que l’on croit ou non aux miracles, une chose est sûre, le site de la Forêt de la Croix est connu pour ses vertus curatives, ce dont témoignent les récits de nombreux miraculés qui ont échappé à la mort…
La fête de Silistra
La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix Glorieuse est aussi la fête de la ville de Silistra. Au début des années 90 du siècle dernier, le Conseil municipal fixe la date du 14 septembre comme celle de la ville. Par tradition, les festivités se poursuivent jusqu’au 1er octobre, date de la restitution, il y a 70 ans, de la Dobroudja du Sud à la Bulgarie. Tout le mois de septembre, des concerts, animations et autres événements culturels sont organisés dans la ville, notamment des compétitions sportives, le festival de la bière, une traversée à la nage du Danube, le festival de la chanson « Souvenirs du Danube », l’exposition « Sculpture et Peinture » de Guéorgui Tchapkanov, alias Tchapa et Bédig Bédrossian, des concerts de la fanfare de la ville et une matinée dédiée aux enfants « J’aime ma Silistra ». A l’occasion de la fête de la ville, le Musée d’histoire de Popovo a aménagé une exposition sur le thème des « Grandes manœuvres de Popovo en 1937 », qui présente les exercices militaires organisés par le tsar Boris III pour préparer la libération de la Dobroudja.
Dans les croyances populaires bulgares, la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix Glorieuse marque le virage du soleil qui se tourne vers l’hiver. Le jour croise la nuit pour annoncer l’équinoxe d’automne. Et qui dit automne dit moissons et vendanges. Mais la tradition veut qu’on ne travaille pas le 14 septembre, à l’exception des propriétaires de vignobles qui commencent la récolte du raisin. Les maîtresses de maison sont celles qui emportent les premières grappes de raisin juteux cueillies pour en distribuer à l’église pour être bénites, avant d’en offrir aussi à la famille et aux voisins. L’usage veut aussi dans certains villages qu’après la cueillette du raisin, des jeunes filles écrasent avec leurs pieds les grappes, pour que le vin soit de bonne qualité.
La galette de la Croix
A l’occasion de l’Exaltation de la Sainte Croix Glorieuse, la femme la plus âgée de la famille confectionne la galette ou tourte de la Croix, à base de farine /tamisée trois fois/, une pincée de sucre et de sel, un trait de vinaigre, du bicarbonate de soude et de l’eau tiède. Le dessus de la galette est décoré d’une croix en pâte, avant d’être enfourné. Le menu du déjeuner festif est composé de plats maigres à base de féculents et légumineuses, des feuilletés aux poireaux, de la courge cuite au four, du raisin de table et des desserts à base de blé de la nouvelle récolte. Il est strictement interdit de manger un fruit ou légume qui soit de couleur rouge. Après la messe à l’église, le prêtre pose la croix sur la nappe toute neuve qui recouvrira la table qui est aspergée d’eau bénite. En signe de reconnaissance, les maîtres de maison lui offrent des plats maigres, des légumes du potager, des fruits et du blé. Puis, la mamie qui a confectionné la miche de pain la rompt en prononçant la formule incantatoire : " La Croix peut avoir mal au dos, moi-pas !", que les convives reprennent ensuite en cœur. Les galettes de la Croix que les Bulgares s’échangent en ce 14 septembre sont considérées comme un « sacrifice céréalier » cumulant les espoirs d’une riche moisson.
En cette journée de l’Exaltation de la Sainte Croix Glorieuse, tous ceux qui ont pour prénom Krastio, Krastina, Kantcho, Stavri, Kana, Krastena, Krastil et Krastiléna ont leur fête !
Récit : Sonia Vasséva
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