A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, un nouveau style architectural arrive en Europe, le style Sécession. Connu sous des noms différents, Art nouveau en France, Jugendstil ou néo-baroque en Allemagne, ce modern style désigne un courant artistique né au tournant des xix^e et xx^e siècle en Europe, où il s'épanouit sous des noms différents selon les pays : Sezessionstil en Autriche, Nieuwe Kunst aux Pays-Bas, Arte joven en Espagne, style Liberty en Grande-Bretagne., notamment. Ce courant artistique laissе des traces sur les arts plastiques, l’architecture et la décoration d’intérieur, notamment le mobilier. Cette aspiration à la modernité est véhiculée par une nouvelle bourgeoisie, constituée d'industriels, de commerçants, de professions libérales, aspirant à un style qui lеur soit propre. Elle ne désire plus imiter l'art de la cour ou la noblesse et les styles du passé, mais vivre confortablement dans un cadre harmonieux, voire, pour les plus esthètes, artistique, qui souvent mélange les styles. Une vraie rupture qui, en Bulgarie, est incarnée par quelques bâtiments emblématiques à Sofia, à savoir les anciens Thermes romains devenus Bains publics, la Synagogue, l’ancienne banque d’Athanas Bourov, l’Ambassade de Grèce, notamment. Imaginés par d’illustres architectes bulgares qui ont fait leurs études à Vienne, Prague et Paris, dans les années suivant la libération de la Bulgarie du joug ottoman, ces bâtiments s’inscrivent avec légèréte dans le paysage urbain de la capitale. Et nous ne pouvons ne pas citer les noms de ces architectes émérites : Nikola Lazarov, Guéorgui Fingov, Pétko Momchilov, Kiril Marichkov, Pencho Koychev.

Conscients de la valeur de ces monuments de l’architecture, trois jeunes Bulgares mettent en place un projet, financé par le Fonds national « Culture », qui consiste en la création de 9 maquettes en 3D de bâtiments dans le style Sécession, situés à Roussé, Varna, Plévén, Plovdiv et Sofia. L’architecte Constantin Dimitrov, le producteur de cinéma Kaloyan Nikolov et la metteuse-en-scène Lubomira Kostova se focalisent sur ce style européen, qui est adapté en Bulgarie et connu sous la dénomination «  romantisme national », dominé par les motifs floraux. Lubomira Kostova nous en dit plus : 

Nous avons même l’intention d’organiser une exposition en réalité augmentée, mais pour ce faire, nous devons retravailler les modèles en 3D au moyen d’un logiciel spécial. Et une fois l’exposition prête, elle pourrait être visionnée partout dans le monde...

La sélection des bâtiments leur permet d’en savoir plus sur l’histoire de ces perles d’architecture. Ainsi, en déplacement à Plovdiv, ils tombent sur une tonnelle qui aurait été le lieu de détente préféré du grand écrivain bulgare Ivan Vazov. Les clichés photogrammétriques qui sont à la base des maquettes en 3D permettent de conserver le patrimoine architectural pour les futures générations. Ainsi le projet remplit aussi une fonction éducative et encyclopédique, mise en valeur par les procédés du numérique.

Et Constantin Dimitrov d’ajouter :

Ce type de numérisation photogrammétrique de bâtiments anciens est très connu en Europe. Il convient parfaitement aux expositions, mais aussi quand on a besoin d’archiver. C’est aussi un excellent support surtout quand les architectes s’apprêtent à restaurer d’anciens bâtiments. Ils conçoivent les copies numériques du futur bâtiment, après sa rénovation, sans oublier le moindre détail de la charpente ou de l’intérieur.

Le procédé est cher, mais l’investissement est payant. Et Lubomira Kostova cite un exemple des plus récents, la cathédrale Notre-Dame à Paris qui a brûlé en avril dernier et qui sera restaurée justement suivant les procédés de la numérisation photogrammétrique...

Récit : Sonia Vasséva