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L’ancienne Maison du parti communiste, témoin muet des manifestations à Sofia

Photo: Ani Petrova

Le 26 août 1990 a marqué à jamais l’histoire de la Bulgarie par l’incendie d’un des symboles du régime totalitaire dans le pays – le siège du parti communiste bulgare. 10 mois après le renversement du pouvoir du dictateur communiste Todor Jivkov, les citoyens espéraient toujours que des changements démocratiques rapides allaient se produire étant à même de sortir le pays des 45 ans de stagnation imposée par la dictature totalitaire. Pendant l’été de 1990 le parlement décide de supprimer tous les symboles communistes des édifices publics. En fait partie l’étoile rouge qui pare le pylône au-dessus de la centrale du PCB. Les députés de ce même parti qui, depuis le 3 avril 1990 se nommait déjà Parti socialiste bulgare (PSB) s’étaient mis d’accord avec le démantèlement du symbole en question mais ne se pressaient guère de ce faire. C’est exactement ce qui avait provoqué l’arrivée de la foule furieuse devant l’immeuble, dont l’un des manifestants avait déjà menacé de se mettre le feu en signe de protestation. 


Bien sûr ce n’était que l’une des raisons. Après le 10 novembre 1989 les Bulgares venaient de s’informer plus en détails des répressions effectuées dans les camps de concentration bâtis par l’ancien régime. En plus de tout cela, le pays se trouvait en ce moment dans une forte récession économique. Malgré tout, les législatives de juin 1990 avaient été remportées par les socialistes. La rédaction de la nouvelle Constitution était pour sa part contestée par l’opposition démocratique. Subitement, lors de la protestation du soir du 26 août 1990, des flammes sont apparues à l’intérieur de la Maison du parti, engloutissant en un rien de temps 40 bureaux. Aujourd’hui, 30 ans plus tard, le procès numéro 53 se rapportant à l’incendie de l’ancien siège du parti communiste est depuis longtemps classé et couvert par la prescription, les fauteurs demeurant bien évidemment inconnus. 


Le réalisateur Evguénii Mikhaïlov juge l’incendie volontaire, organisé par le PS lui-même ou bien par des milieux liés à la Sûreté d’Etat. Le fait que l’instruction ne prenne jamais fin et que la vérité n’ait jamais été connue montre qu’elle n’avait guère profité à certains, déclare pour sa part la documentaliste du cinéma Malina Petrova. En 2009 le public voit son film « Archivé par prescription », créé sur la base d’études approfondies des dossiers du procès concernant l’incendie.

Ce n’est pas un simple documentaire sur un incendie d’un siège d’un parti, c’est un documentaire sur notre misérable transition – explique alors Petrova dans une interview accordée au quotidien « Dnevnik » - « Il me fallait des années pour connaître la vérité. J’ai lu des montagnes de documents, j’ai accédé à de nombreuses sources et faits avant qu’ils soient supprimés ou manipulés et je peux dire de manière tout à fait responsable qu’ils ont peur. Et « ils » ont raison car ils risquent en effet de devoir faire face à une terrible colère… 

Personne ne serait en mesure de dire quelle partie des dossiers qui avaient été conservés dans les archives de l’ancienne Maison du parti avaient été sortis de là-bas avant l’incendie pour être détruits tout de suite après le « putsch » ou bien avaient brûlé à la suite de l’incendie. Une chose est toutefois sûre et certaine, déclare dans une interview accordé à la TV privée Bulgaria On Air l’ancien député et conseiller municipal, le professeur Vili Lilkov : Les tout premiers mois après 1989 les services de la Sûreté d’Etat s’étaient en effet mobilisés pour détruire ou bien pour s’approprier les archives de l’Etat. Il ne faut pas non plus négliger le fait qu’au siège de la Maison du parti aient été conservées une grande partie des archives du ministère de l’Intérieur dont on a également perdu la trace.


Aujourd’hui la Maison du parti qui est construite dans les années 1950-1956 en tant que partie intégrante d’un majestueux ensemble architectural de style stalinien se transforme de nouveau en témoin muet des protestations. Des citoyens demandent une nouvelle fois que la Bulgarie devienne un Etat de droit car ne souhaitant pas aller vivre ailleurs. Après la fin des vacances parlementaires, à partir du 2 septembre, les députés auront la possibilité de mieux entendre les appels des protestataires car les séances parlementaires se tiendront dans l’immeuble du nouveau parlement, 1, boulevard « Dondoukov ». Ce dernier a été rénové et la salle plénière porte déjà le nom de la Sainte Sophie.


 Photos: Annie Petrova, archives, Old Sofia, Radio Sofia, BGNES



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