La pandémie du Covid-19 a imposé à beaucoup de gens de modifier leur train de vie et de réexaminer leurs principales valeurs. Dans leur souhait de garantir leur sécurité et de préserver leur psychique, certains ont fini par redécouvrir le village bulgare. D’autres ont pour la première fois trouvé du temps pour se confier à leur intuition en réalisant des idées qu’ils avaient reportées depuis des années. Ou bien se consacrer à des choses ordinaires qui leurs venaient tout subitement à l’esprit dont par exemple faire des courses avec leurs familles pendant un après-midi ensoleillé. Il s’avère par exemple qu’en dépit des temps difficiles que nous traversons, c’est notamment devant le regard du photographe Ognian Stefanov qu’a émergé l’image d’un petit coin du paradis.

La conception initiale de l’artiste avait cependant été toute autre :

Ma fille m’a demandé de lui acheter de la colle en silicone. Après l’avoir achetée, nous sommes allés ensemble acheter des cure-dents et elle a commencé à « construire » une petite maison. Elle en mettait cependant beaucoup trop de cure-dents et de la colle et j’ai juste voulu lui montrer comment faire une plus grande structure avec moins de matériel. C’est ainsi que j’ai commencé à construire une tour et pendant que je lui montrais comment faire, notre maquette s’est petit à petit transformée en tout un village en haut d’une montagne. J’ai décidé quec’était en fait une très bonne idée que je pouvais réaliser.

Outre les maisons très confortables pour y vivre, un lieu habité dispose normalement de nombreuses bâtisses fermières – entrepôts pour les provisions, une grande tour depuis laquelle on peut observer les environs, une bibliothèque, des édifices de loisirs et de sports. Tout est créé en bois dans le but d’éviter les matériaux nocifs. Bien qu’imaginaire, notre petit village est baptisé Nebesta Skyville, appellation qui répond d’une manière excellente à son objectif de s’élever dans les cieux.

Ognian reconnaît qu’il y a en Bulgarie, dans le Rhodope, des lieux qui ressemblent beaucoup à un pareil village qui s’y intègrerait très bien en raison de la propreté et du calme qui l’entourent.

Le village pourrait être situé par exemple à proximité du barrage « Chiroka poliana » (vaste pré) où bien dans la localité Beglika. Toutefois, car étant réaliste, le photographe qualifie sa maquette d’utopie. Malheureusement la raison en est la mentalité et le comportement des gens à l’égard des succès d’autrui :

Si quelqu’un lance une idée intéressante, il y aura au moins 10 autres personnes qui s’y opposeront. Et ceci, sans aucune raison logique, juste pour contredire et gâcher le bonheur des autres. Je l’ai bien senti moi-même à maintes reprises. Je suis convaincu que de point de vue administratif il y aura de nombreux obstacles. Je qualifie cette idée d’utopique car c’est un endroit à ce point propre que je ne vois vraiment pas où il pourrait se situer dans le monde moderne.Il existe toujours en plus un grain de malice qui ne tardera pas à donner des fruits.

Outre la propreté, le calme et l’éloignement des gens, Nebesta a également d’autres raisons pour s’approcher des cieux. Quand il était petit, le regard d’Ognian a souvent été orienté vers le firmament. Il a toujours rêvé de devenir pilote exactement comme son grand-père mais n’y arrive pas car ne répondant pas aux exigences médicales. Ognian fait des études à l’Université technique qu’il quitte pour faire du journalisme et finit par s’éprendre de la photographie. Il est initialement invité à travailler dans le magazine « Krile » (Ailes), ce qui l’approche de sa passion – les avions. Plus tard il se fait embaucher dans l’Armée de l’air et aujourd’hui Ognian travaille comme caméraman à la Présidence de la République. 

Sa riche imagination et son impressionnante habileté lui assurent le grand respect de ses collègues. A ce jour ses deux expositions spécialisées dans le cadre desquelles il avait prévu d’exposer également la maquette du village Nebesta sont reportées en raison de la pandémie de Covid-19. Le photographe est cependant convaincu que ses œuvres pourront être admirées tôt ou tard non seulement par les membres de sa famille mais également par ses amis et dans les réseaux sociaux car en octobre prochain une exposition d’Ognian est encore prévue à Sofia. 

Photos : Facebook /Ognian Stefanov