Madame la ministre, la position de la Bulgarie sur les tensions en Ukraine a-t-elle changé ?
"La position bulgare sur l’Ukraine est claire et cohérente : la Bulgarie soutient résolument l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières reconnues au niveau international, y compris ses eaux territoriales. Nous soutenons la voie européenne et euroatlantique de l’Ukraine et nous continuons de défendre la décision prise au sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008 pour une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance".
Peut-on dire qu’il existe actuellement un risque réel pour la sécurité régionale ?
"La crise ukrainienne a un impact direct sur notre sécurité nationale. La Bulgarie entreprend avec nos alliés de l’OTAN et nos partenaires de l’UE des actions concrètes pour surmonter la crise et garantir la sécurité. Le renforcement du flanc Est de l’OTAN est une priorité pour nous.
La demande de la Russie que l’OTAN interrompe son élargissement à l’Est est inacceptable. Chaque pays a le droit souverain de déterminer son propre avenir et sa politique étrangère, y compris pour les traités et les alliances visant à garantir sa sécurité.
Dans le même temps, la Bulgarie soutient les efforts diplomatiques de convaincre la Russie d’entreprendre des mesures de désescalade, comme la visite du président français Emmanuel Macron à Moscou en début de semaine. Nous espérons tous que le bon sens l’emportera.
Nous sommes toujours ouverts à un dialogue avec la Russie, mais sans renoncer à nos valeurs et nos principes".
Le ministère des Affaires étrangères a déjà déclaré être prêt à évacuer les Bulgares se trouvant en Ukraine. Y a-t-il eu des demandes en ce sens ?
"Nous sommes en contact permanent avec notre ambassade à Kiev. A ce jour de telles demandes n’ont pas été faites et, par ailleurs, une évacuation ne s’impose pas pour l’instant".
Qu’attendez-vous de la rencontre des équipes d’experts des ministères des Affaires étrangères de la Bulgarie et de la Macédoine du Nord d’aujourd’hui ?
"Nous discuterons de toute une série de sujets. Nous tenons à ce que le Traité de 2017 soit respecté et nous continuerons de soutenir la demande légitime que les Bulgares en Macédoine du Nord soient inscrits dans sa constitution. Les droits de l’homme sont une question de choix civilisationnel et une valeur fondamentale de l’Union européenne à laquelle la Macédoine du Nord souhaite adhérer.
Nous demanderons des progrès dans le travail de la Commission conjointe à l’histoire et l’éducation, dans l’élaboration d’un calendrier de commémoration conjointe de personnalités de notre histoire commune sur lesquelles un accord a déjà été trouvé, comme le tsar Samouïl (Samuel), les Saints Cyrille et Méthode et Saint Clément d’Ohrid. Nous insisterons aussi pour une mise à jour du programme scolaire en Macédoine du Nord.
Malheureusement, les actes de vandalisme qui ont suivi la commémoration à Skopje du 150ème anniversaire de la naissance de Gotsé Deltchev soulignent à nouveau la nécessité de contrecarrer le langage de la haine, un préalable important pour la résolution d’autres divergences. Un exemple en est le désir de la Bulgarie que soient réhabilités les citoyens de la Macédoine du Nord qui ont été persécutés par le régime communiste yougoslave, parce qu’ils s’identifiaient comme Bulgares".
Etes-vous optimiste que de telles solutions seront bientôt obtenues ?
"Je suis optimiste, mais ce processus ne devrait pas dépendre de dates fixées à l’avance. C’est une fonction des bonnes intentions et du désir de parvenir à un progrès des deux parties".
Et quelles sont les grandes priorités de votre équipe en ce qui concerne les Bulgares de l’étranger ?
"Comme vous le savez, notre accord de coalition prévoit que l’Agence d’Etat des Bulgares de l’étranger passe sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Les Bulgares de l’étranger sont une priorité majeure de notre ministère et nous travaillons déjà aux objectifs que cette agence devra atteindre lorsqu’elle en fera partie. Dans l’intervalle, au cours de nos visites dans des pays où il existe une communauté bulgare, notre objectif principal est de les rencontrer, d’entendre leurs doléances et de voir comment nous pouvons leur apporter un soutien.
Je voudrais en conclusion remercier l’équipe de Radio Bulgarie, qui apporte depuis 85 ans sa contribution inestimable à la construction de l’image de la Bulgarie dans le monde et maintient activement le contact avec les communautés bulgares à l’étranger. C’est pour nous quelque chose d’essentiel et nous continuerons de vous soutenir dans vos efforts. Je suis persuadée que ce rôle et cette mission de Radio Bulgarie auront la place qu’ils méritent dans la nouvelle loi sur les médias".
Interview réalisée par le rédacteur en chef de Radio Bulgarie Krassimir Martinov
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