Le conflit en Ukraine a fait l’objet de la conférence annuelle du chef de la Défense Emil Eftimov. Un an après le début de la guerre, aux dires de l’amiral, le conflit « est révélateur de l’influence et du rôle de formations bien organisées du point de vue ressources et équipements qui soient en mesure de réagir dès le début de la crise. De ce point de vue les militaires de l’armée demeurent un facteur clé. Sans effectifs bien formés, la modernisation et la maîtrise de la nouvelle technique deviennent inadmissibles », est catégorique l’amiral Eftimov. Celui-ci a assuré les citoyens bulgares qu’ils pouvaient se sentir en sécurité et correctement défendus par l’armée bulgare car « de gros efforts sont réalisés par rapport à l’information sur la situation, tout comme de nombreux départements et services sont renforcés afin d'améliorer l’investigation, l’observation et la coordination avec le Commandement conjoint, dirigeant les opérations de l’OTAN ».
Le sujet de la modernisation des forces armées a été l’occasion pour le président Radev d’adresser des critiques envers les policiers quant à leur attitude à l’égard de l’armée bulgare dans le contexte du milieu détérioré de la sécurité :
« L’un des grands défis face aux forces armées bulgares est l’absence de compréhension et de consensus dans la classe politique pour ce qui est du rôle et de la vision réels du développement de leur sécurité.
Il est inadmissible de constater que dans cette situation extrêmement compliquée pour la sécurité, des partis politiques osent ne pas considérer les forces armées comme le garant de l’intégrité territoriale et la sécurité du pays mais plutôt comme un fournisseur au profit des forces armées ukrainiennes ».
La sécurité du continent se trouve également face à un autre défi détecté au terme du discours du président de l’Assemblée fédérale de la Russie du 21 février. Le « gel » annoncé par Poutine de la participation de la Russie au Traité « New Start » a provoqué une réaction immédiate de la part du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg qui a rappelé que « au cours des quelques dernières années, la Russie a enfreint et a refusé de respecter des accords cruciaux de contrôle des armements. Par sa décision de ce jour relative à « New Start », toute l’architecture de contrôle des armements ayant été détruite ».
Selon le ministre intérimaire bulgare de la Défense Dimitar Stoyanov, le conflit en Ukraine ne fait que s’intensifier :
« J’espère que ce ne sera pas une nouvelle menace adressée par la Russie, ainsi qu’une démonstration de force, ce qui lui permettrait de quitter le Traité qui fonctionne et qui concerne l’armement nucléaire. J’espère aussi que le bon sens l’emportera dans la situation actuelle. En ce moment, le ministère de la Défense n’admet pas de possibilité réelle d’usage d’armes nucléaires de la part de la Russie, mais c’est toutefois un indice de forte escalade du conflit au lieu d’un règlement pacifique de ce dernier. »
Les USA et la Russie possèdent 91% de l’arsenal nucléaire de l’humanité.
Le Traité « New Start » assure un équilibre important du nucléaire sur la Planète – a déclaré sur la RNB le professeur Roumen Kantchev, expert en relations internationales et ancien vice-ministre de la Défense.
« Il se peut que les mots de Poutine ait dépassé sa pensée. La sortie de ce Traité ouvre la porte d’une augmentation incontrôlée des armes nucléaires, pareillement à la période de la Guerre froide. » *
La menace d’une guerre nucléaire est déjà d’actualité – a ajouté le diplomate Lubomir Kyoutchoukov.
« Cette décision fait venir une nouvelle fois à l’ordre du jour la menace d’une guerre nucléaire, comme celle de l’été dernier. Alors, à l’issue de contacts bilatéraux avec les USA, cette menace avait été surmontée. Les risques sont toutefois restés. Le fait que l’éventuel usage d’armes nucléaires soit déjà décrit par des adjectifs fortement utilisables, semble très préoccupant car témoignant de la thèse de son admissibilité. La déclaration du président russe s’inscrit dans cette logique ».
Selon Kyoutchoukov, la clé du règlement du conflit entre la Russie et l’Ukraine en dehors du champ de bataille est probablement entre les mains de la Chine.
Dans sa stratégie intitulée « Initiative globale pour la sécurité » qui a été présentée il y a quelques jours, l’Empire du milieu a appelé tous les États à œuvrer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde entier, ainsi qu’à l’encouragement du développement global et de la prospérité.
« La Chine fait très attention à son comportement envers ce conflit – est catégorique le diplomate Stefan Tafrov. – D’une part ce conflit est favorable à Pékin car détournant l’attention de l’Occident d’autres points conflictuels à travers le monde mais est néanmoins respecté le principe de la souveraineté territoriale ».
« Les tentatives de Poutine de jouer avec la carte nucléaire agace la Chine. Ce pays n’est pas intéressé par une pareille escalade du conflit », ajoute Tafrov qui intervient sur la RNB.
Le politologue, le chargé d’affaires Iskren Ivanov a exprimé ses inquiétudes de voir le conflit entre la Russie et l’Ukraine se transformer en un risque latent.
« Si ce conflit dure longtemps, non seulement la Russie mais également l’OTAN épuiseraient leurs ressources stratégiques. Ce qui imposerait non seulement un changement de toutes les stratégies de l’OTAN mais ferait venir à l’ordre du jour la nécessité d’un réarmement global, y compris de l’Europe. Ce qui signifie que nous serions obligés de débloquer beaucoup plus de financements pour des armements, sécurité et industrie militaire ».
Version française : Nina Kounova
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