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Le politologue Svétlin Tatchev :

"Les gouvernances éphémères deviennent un trait de plus en plus permanent de la situation politique en Bulgarie"

Svétlin Tatchev
Photo: Facebook /svetlintachev90

La Bulgarie se prépare aux septièmes élections législatives pour ces trois dernières années. Une fois de plus, les trois mandats de formation d’un gouvernement remis par le président de la République à des partis parlementaires ont été rendus inaccomplis.

Nous avons invité le politologue Svétlin Tatchev de l’institut « Gallup international Balkan » à dresser un état des lieux de la démocratie et du système politique dans notre pays. D’après lui nous assistons à un désintérêt croissant envers les formations politiques, car « plus les élections sont fréquentes, moins les partis arrivent à proposer quelque chose de différent à leurs électeurs, lesquels de leur côté n’arrivent pas à trouver une alternative satisfaisante ». Il existe aussi un autre problème :

Je pense que cette crise de la démocratie se dirige vers un état de gouvernance éphémère, car nous sommes presque constamment sous gouvernement intérimaire et bon nombre d’institutions et de membres d’organismes de régulation ont leurs mandats arrivés à expiration. Cette gouvernance éphémère met le pays à la croisée des chemins, parce que plus la crise politique et démocratique s’approfondira, plus nombreuses seront les voix disant que le modèle actuel est périmé et doit être remplacé par un autre, et c’est cela le plus grand danger. Le problème n’est pas dans le système, mais dans l’élite politique qui a perdu le réflexe de gouverner.


Outre l’abstention record aux dernières élections législatives, le parlement actuel présente un autre signe de crise de la démocratie : le nombre tout aussi record de députés indépendants – 39 sur 240 (16%), qui le sont devenus en quittant leurs groupes parlementaires, de leur propre chef ou après en avoir été exclus.

La crise politique pourrait être maîtrisée en optimisant le processus, pas en le sabotant, estime Svétlin Tatchev :

Un exemple d’optimisation est le vote préférentiel où l’électeur sélectionne un autre candidat que le premier de la liste, ce qui a introduit un élément majoritaire dans les listes des partis. Une autre optimisation est le vote par machine, bien qu’il fasse l’objet de débats virulents, mais il a en tout cas considérablement réduit le nombre de bulletins nuls et aussi, dans une certaine mesure, le vote corporatif. De tels mécanismes peuvent contribuer à assainir le processus électoral et la démocratie, mais les actions entreprises vont dans le sens inverse. Quand on adopte des amendements à la Constitution visant une personne concrète et pas afin d’améliorer l’état de la démocratie, on en est arrivé à la situation où la Cour constitutionnelle a rejeté presque tous les amendements concernant le système judiciaire, mais a validé ceux qui concernent la nomination d’un premier ministre intérimaire par le président de la République. Quand on procède à de tels changements, ils doivent bâtir sur ce qui a déjà été accompli, pas le détruire.


Svétlin Tatchev commente aussi l’abstention record (65,59%) aux dernières législatives :

Le taux d’abstention pourrait bien continuer à augmenter. Cette apathie grandissante des électeurs bulgares peut aussi être vue comme un signe de contestation. Par leur refus d’aller aux urnes les électeurs indiquent qu’ils rejettent ce qui se passe. Cette abstention croissante réduit de plus en plus la légitimité de la représentation parlementaire. En outre elle réduit le nombre de voix nécessaires pour franchir le seuil des 4% permettant une entrée à l’Assemblée nationale, de sorte qu’on commence à y voir de petits partis assez exotiques, ce qui complique davantage la constitution d’un gouvernement.


Photos: Facebook /svetlintachev90, Annie Pétrova - RNB, BTA

Version française : Christo Popov




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