La décision de la pleine intégration de la Bulgarie dans l’espace Schengen de libre circulation à partir de 2025 est historique aussi bien pour notre pays que pour ses relations avec ses voisins de l’UE : la Roumanie et la Grèce. Quel est l’événement déterminant dans les relations régionales bilatérales de la Bulgarie avec ses voisins qui ne font pas partie de l’UE : la Turquie, la Serbie et la Macédoine du Nord ? Radio Bulgarie a contacté des experts à ce propos pour un passage en revue de 2024.

La  Bulgarie et la Turquie : La visite du ministre turc des Affaires étrangères à Sofia indique qu’Ankara suit de près les processus dans le MDL et a jeté les bases des accords de déminage en mer Noire et de police du ciel

Selon Mehmed Ümer, éditeur des sites obzornews.bg et bakis.bg l’événement majeur de 2024 dans le domaine régional est la visite du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan au début de l’année à Sofia à l’invitation de son homologue bulgare Maria Gabriel. Il y a séparément rencontré à l’ambassade de Turquie le leader démissionnaire du Mouvement pour les droits et libertés Mustafa Karadayi et les coprésidents du MDL à l’époque, Délyan Péevski et Djevdet Tchakarov pour s’informer des tensions grandissantes et des luttes intestines au sein de ce parti.

Le second moment important dans les relations bilatérales régionales en 2024 selon Mehmed Ümer est l’accord signé à Ankara entre la Bulgarie, la Turquie et la Roumanie pour le déminage de la mer Noire, ainsi que le mémorandum sur la police du ciel de l’OTAN.

C’est dans un esprit de partenariat qu’a été signé à Ankara par le ministre de la défense Todor Tagarev l’accord sur la police du ciel transfrontalière. Les médias ont à l’époque posé la question si c’était à la Turquie de protéger notre espace aérien. A mon avis le titre le plus exact aurait été que le ciel de la Bulgarie et la Turquie est le ciel de l’OTAN, et nous sommes alliés au sein de l’OTAN. On a beaucoup écrit sur la façon de coordonner tout cela, quels sont les centres de commandement et ainsi de suite, mais cela n’a pas d’importance. L’important est qu’avec cette visite de Hakan Fidan lui et Maria Gabriel ont créé les conditions pour ce mémorandum dans l’esprit du partenariat bilatéral.

La Bulgarie et la Serbie : visions opposées sur la géopolitique de transport en Macédoine du Nord

« Je propose que nous renoncions à passer en revue les contacts officiels, les événements officiels, les célébrations officielles ou les disputes officielles et que nous regardions ce qui se passe en coulisse », dit le docteur Bisser Bantchev de l’Institut d’études balkaniques de l’Académie bulgare des Sciences.

Pour moi l’événement majeur ou le processus majeur de 2024 est le succès de la Serbie dans le blocage de la construction du Corridor de transport №8. Vous allez me dire, mais enfin, ce corridor ne concerne-t-il pas les relations entre la Bulgarie, la Macédoine du Nord et l’Albanie ? Oui, bien sûr, mais il existe un lien direct. Pour la Serbie le Corridor №8 est un concurrent direct du Corridor №10 (qui relie l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Macédoine du Nord et la Hongrie à la Grèce et la Bulgarie). Le ministre serbe des Transports Goran Vesic a publiquement déclaré que son plus grand succès en 2024 est d’avoir bloqué les efforts bulgares d’accélérer les travaux de construction du Corridor №8.

La Bulgarie et la Macédoine du Nord : mise à nu du modèle serbe du macédonisme

L’explication la plus succincte de tout ce qui s’est passé en Macédoine du Nord en 2024 est que le modèle serbe du macédonisme a été mis à nu, estime le journaliste Lubtcho Nechkov, propriétaire de l’agence de presse BGNES.

Nous assistons tous les jours à une agression brutale et impolie contre la Bulgarie. Je dirais même qu’il s’agit là d’une nouvelle étape de la variante serbe du macédonisme qui s’écarte désormais de la version originelle mise en place à partir de 1945 et se présente comme quelque chose d’authentiquement local. Nous en sommes au stade du soutien ouvert au « Monde serbe », à une alliance ouverte avec la Serbie, à un soutien politique, une union avec ce « Monde serbe » qui s’appelait « Grande Serbie » il y a une trentaine d’années.

En dépit des risques que comporte tout pronostic concernant les Balkans, nous demandons tout de même à notre interlocuteur si en 2025 les Bulgares seront inscrits dans la constitution de la Macédoine du Nord comme peuple constituant de cet État.

Si la Macédoine du Nord devenait réellement indépendante, ce ne serait pas le problème le plus ardu à résoudre. L’inscription des Bulgares dans la constitution en soi ne représente que 1% des problèmes auxquels la Macédoine du Nord est confrontée. C’est un pays où il manque un respect élémentaire des lois, un État sous occupation, qui exécute des projets géopolitiques imposés de l’étranger et qui sont foncièrement anti-européens.

Photos: BGNES, mfa.bg, RNB

Version française : Christo Popov