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Dans les Rhodopes le saz réenchante le bois…

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Maître Mahmoud et ses admirateurs dans le studio improvisé de Radio Bulgarie à Momtchilgrad
Photo: Şevkiye Çakır

Comment le bois peut-il produire des sons magiques ? C’est l’histoire de notre héros Djafer Mahmoud du village de Tsarkvitsa dans les Rhodopes qui en maître habile sculpte le bois pour le transformer en un instrument de musique. Et cet instrument de musique c’est le saz, un lointain cousin du luth, qu’on trouve en Turquie, en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, en Grèce, en Arménie, en Azerbaïdjan et…en Bulgarie.

Djafer Mahmoud et le saz, c’est l’histoire d’un coup de foudre ! « J’ai commencé à fabriquer des saz à l’âge de 12 ans et voilà déjà 58 ans que ça dure », dit Djafer Mahmoud.


Jusqu’en 1989, le maître Djafer Mahmoud est débordé de commandes et ne travaille que pour des clients bulgares. Son professionnalisme est très apprécié et il est même invité à travailler au théâtre de Kardjali mais il décline l’offre, son village lui tenant plus à cœur que la grande ville. Après 1990 et le début de la transition démocratique en Bulgarie, la situation change radicalement. Le maître reçoit des commandes de tous les coins du monde. Les saz signés Djafer Mahmoud sont vendus avec succès en Turquie, en Grèce, en France et en Allemagne.

Quels est le meilleur bois pour la fabrication des saz ? Djafer Mahmoud répond sans hésiter : le bois du noyer, du mûrier, du hêtre, de l’érable et de l’acacia. Toujours est-il que, selon le maître, c’est le noyer qui remporte le prix d’or pour les sons doux qu’il produit et pour la durabilité de son bois. Et ce qui est surtout très important c’est que le bois soit sec car contrairement à ce qu’on dit que « le bois est cambré quand il est jeune », le beau saz est fabriqué à partir d’un bois sec.






La liste des instruments de musique que Djafer Mahmoud a fabriqués et offerts à des institutions culturelles et à des amisproches est sans fin. Et dans cette histoire du bois réenchanté, il y a un bémol – le métier de Djafer Mahmoud est en déclin et même ses enfants et ses petits-enfants ne voudraient pas prendre le relais.

Mais quoi qu’il en soit, notre histoire aura son happy end car notre héros est décidé à continuer à fabriquer des saz et à les faire chanter, pour en extraire des mélodies joyeuses ou langoureuses qui feront sa gloire à travers la montagne, à travers le temps…

Version française : Krassimir Koprivenski




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