Le 16 février 1872 le métropolite Antim est élu à la tête de l’Eglise orthodoxe bulgare qui vient de retrouver son indépendance à l’issue d’une longue période de négociations et de polémiques avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Ce choix est loin d’être le fruit du hasard – le métropolite Antim, avec son engagement ferme en faveur des valeurs traditionnelles bulgares et son attachement à l’idée de l’indépendance religieuse et politique du pays, devient une figure de proue du mouvement de libération nationale pendant la seconde moitié du XIXème siècle.
L’exarque Antim Ier – Atanas Mihaïlov Tchalakov de son nom dans la vie, est né en 1816 à Lozengrad, dans la région de Thrace orientale (l’actuelle Kırklareli aujourd’hui située en Turquie). A l’adolescence, il entre dans les ordres, en rejoignant la communauté monacale du monastère de Hilendar, sur le mont Athos – un endroit, marqué par la présence, un siècle auparavant, d’un autre moine bulgare – Païssii, auteur de l’Histoire slavo-bulgare.
Au milieu du XIXème, les aspirations du peuple bulgare pour une Eglise indépendante se font de plus en plus pressantes et le Patriarcat de Constantinople, traditionnellement désireux de préserver le statu quo, est amené à accorder une certaine autonomie aux populations en Bulgarie. Dans ce contexte, Antim est nommé métropolite de Preslav, avant de se voir proposer le même poste plus à l’Ouest – dans la ville de Vidin. Dès son entrée en fonction, il n’hésite pas à marquer sa différence avec le Patriarche, en oeuvrant pour l’indépendance de l’Eglise bulgare – un combat qui aboutit, en 1870, à la promulgation d’un firman par lequel la Sublime Porte donne son accord à la création de l’Exarchat. Première institution officiellement reconnue depuis le XIVème siècle et le début de la domination ottomane, l’Exarchat devient le porte-voix de tous les Bulgares dans leurs rapports avec les grandes puissances de l’époque.
En regardant les photos qui ont immortalisé les célébrations autour de l’élection d’Antim en tant que premier exarque bulgare, on peut facilement imaginer la ferveur de nos compatriotes, venus en nombre dans la ville d’Istanbul, pour fêter leur indépendance spirituelle retrouvée. Si l’accession à la liberté de culte donne une nouvelle impulsion au mouvement de libération, l’insurrection d’Avril 1876 et la répression sanglante de la part des autorités ottomanes, qui s’en est suivie, mettent à l’épreuve l’Exarchat dans son rôle d’institution fédératrice. Antim Ier apporte un appui sans réserve aux insurgés – une prise de position qui provoque aussitôt la colère de la Sublime Porte. Démis de ses fonctions en 1877, Antim Ier est envoyé en exil jusqu’à la libération de la Bulgarie en 1878. Il reste une personnalité importante dans la vie politique de la jeune Principauté, en acceptant de présider l’Assemblée constituante qui élabore la première Constitution bulgare et élit le prince Alexandre Ier – premier souverain du pays après la Libération.
Version française : Tsvetan Nikolov
По публикацията работи: Vénéta Pavlova
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