« L’installation de l’artiste bulgare montre le courage et le génie d’un pays, que nous connaissons peu et surtout sous des traits négatifs ». C'est en ces termes que le journaliste Antonio Ferrari a présenté il y a deux jours à la une du journal italien Corriere della sera « l’incroyable installation de Christo "les Pontons flottants" sur le lac d'Iseo. Merci Christo, marcher sur l'eau est non seulement comme une impression de scène biblique, mais aussi un rachat pour les images négatives véhiculées » - écrit Ferrari. Le journaliste nous rappelle comment au moment de la guerre froide dans l’esprit des Italiens s’imposent des slogans du genre « élections à la bulgare » c.-à-d. gagnés à 99,9%,ou« servilité bulgare », synonyme d’obéissance aveugle. "Déshonorante est aussi l’histoire autour de l’attentat contre le Pape Jean-Paul II accompli par le terroriste turque Mehmet Ali Agça, - continue Antonio Ferrari. Les Bulgares étaient accusés d’avance pour ce crime. Plus tard, il est devenu clair qu’il s’agit d’une manipulation colossale des services répondant à l’appel de Ronald Reagan de lutte contre "l’Empire du mal". Mais attaquer une nation entière pour lutter contre un régime, c’est terrible! J’ai été une dizaine de fois en Bulgarie et je peux vous assurer que les Bulgares sont géniaux et audacieux, tout comme Christo! » – s’exclame Antonio Ferrari.
Le magazine Time a titré de son côté à sa une : « Les pontons flottants : installation de l’artiste bulgare Christo à Iseo". Voici un extrait du texte:« En créant son chemin flottant orange qui relie deux iles, l’artiste conceptuel Christo a permis aux visiteurs de l’ile italienne Iseo de marcher sur l’eau ». Christo décrit sa vision du paysage autour ainsi : « Le soleil, la pluie et le vent font partie de la dimension physique du projet, mais on doit le vivre de l’intérieur ».
Le Monde lui aussi ne laisse pas inaperçu cet évènement : « L’artiste a inauguré l’installation de ses iles flottantes », en faisant deux erreurs dans son nom de famille. Le reportage est intitulé : « Le ponton éphémère de Christo attire les foules sur le lac d’Iseo. »
Le quotidien espagnol ABC s’émerveille devant le « miracle de Jésus », nom équivalent de « Christo » en espagnol. « Les gens ont patienté toute la nuit pour passer sur les ponts de Christo Yavachev, artiste américain d’origine bulgare qui a consacré son ouvre à son épouse, Jeanne-Claude. »
Nos voisins balkaniques ont aussi marqué l’évènement, comme le quotidien turc Milliyet.
Dans les médias bulgares, le quotidien Dnevnik a publié une riche galerie de photos du photographe Kalin Ivanov, qui en ce moment travaille sur son troisième film documentaire dur Christo. Le canal TV BiT a fait un direct du site avec Evguenia Atanassova qui a travaillé comme bénévole sur son projet. Enfin, concluons avec l’expert en humour noir Emil Kochloukov, qui écrit sur les pages du quotidien 24 heures : « Lorsque Christo a présenté son projet en Bulgarie il a reçu une avalanche de commentaires négatifs. » Sa réaction alors était le silence et un sourire de tristesse.
Version française : Yana Tomova
Crédit photos : EPA/BGNES