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„Des chansons qui font vibrer l’âme“

En souvenir de la grande chanteuse folklorique Komnia Stoianova

Photo: BNT

„Un son pur, des ornementations compliquées et impeccablement exécutées, un style parfait. Elle chantait de manière incomparable les musiques traditionnelles de la Strandja“ – c’est avec ces mots que la folkloriste Maria Kouteva décrit son admiration pour Komnia Stoianova pour avoir travaillé de longues années avec elle dans l’Ensemble folklorique d’Etat, du nom de Philippe Koutev, une autre icône de la musique traditionnellebulgare. L’art de la chanteuse continue d’émouvoir le public et les artistes de la profession, il est considéré comme un brillant exemple de l’ancienne manière de chanter dans cette région.

Komnia Stoianova est née au village de Dratchévo en Bulgarie du Sud-est, dans la région de la Strandja. Issue de deux familles de musiciens, encore toute petite elle portée par les lentes mélodies qui accompagnent le labeur quotidien et les belles occasions de fête et de joie.


Dès les premières années d’école, Komnia est de toutes les fêtes, elle chante les lentes mélodies de sa région qu’elle affectionne. En 1951, elle est classée première au Festival régional de musique traditionnelle de Bourgas, sa voix de velours gagne le cœur du public. „Dès qu’elle a ouvert la bouche on est tombé sous le charme d’une une voix claire qui vous saisissait jusqu’au tréfonds de l’âme et s’en emparait à jamais“  - c’est ainsi que la grande Magda Pouchkarova décrit son premier contact avec celle qui par la suite deviendra son amie. L’aînée, déjà connue pour ses belles interprétations  avait donné du courage à la jeune fille „aux lourdes tresses et aux yeux brillants et légèrement enfoncés “. Et non seulement Komnia gagne le concours, mieux encore elle est invitée à rejoindre le nouvel ensemble Ensemble de chants et danses folkloriques  de Sofia, par son chef en personne, l’immense musicien Philippe Koutev. En 1953 elle rejoint l’Ensemble et marque de son empreinte le répertoire avec ses airs de la Strandja. 

En 1953 toujours elle remporte un autre premier prix – au festival international des Jeunes à Bucarest en Roumanie. Les concerts de Komnia Stoianova avec l’Ensemble folklorique, mais aussi comme soliste devant le public bulgare et à l’étranger sont nombreux. Elle compte 250 chansons de la Strandja dans son répertoire dont une grande partie précieusement gardées dans les archives de la Radio nationale bulgare. Gueorgui Draganov, auteur d’un livre sur sa vie et son œuvre nous replonge dans la magie de la vie patriarcale d’antan – source de sagesse et de musiques, léguées par Komnia Stoianova:

„Notre maison était tout près de celle de Komnia. J’aimais l’écouter chanter. Au village on battait encore les céréales à l’ancienne et j’attendais toujours ces moments avec une grande impatience  parce qu’en ces jours sa voix résonnait et du matin au soir et elle s’en donnait à cœur joie. Je me tenais à la fenêtre, envoûté par la musique et ma mère ne me grondait pas, elle comprenait. Et quand les femmes se réunissaient pour la veillée, elles filaient, brodaient, tricotaient sous l’accompagnement de la voix de Komnia qui chantait et chantait toujours … Mon père aussi chantait beaucoup, c’est lui qui m’a transmis l’amour du folklore. Dans mon livre sur elle j’ai réuni 110 chansons, accompagnées de notations qui sont l’œuvre de l’accordéoniste bien connu Todor Prachtakov. Je connais par cœur tout le répertoire de Komnia. Récemment j’ai découvert une hanson qu’elle avait chanté à une kermesse, mais qu’elle n’avait pas enregistrée. J’envisage de la faire entrer dans la prochaine édition.  J’ai recueilli une très abondante documentation, des photos, d’ailleurs ma famille est liée à la grande chanteuse. Même ma petite-fille chante et avec sa professeure elle prépare deux chansons de Komnia Stoianova. Ma fille, elle aussi est chanteuse et elle a gagné le grand prix d’un concours consacré à Komnia , qui se tenait dans notre village mais qui par la suite a été transféré à Sredetz, une ville toute proche. Pour encourager ses jeunes suiveurs les organisateurs de l’événement ont créé le prix  „Komnia Stoianova“ qui récompense la meilleure interprétation d’une chanson de son répertoire. Cet ouvrage que je lui ai dédié j’y ai mis tout mon cœur ; j’en ai donné des exemplaires à l’Ecole des arts folkloriques de Kotel. Avant de quitter ce monde, la grande Komnia Stoianova avait fait des enregistrements dans  cette école avec une équipe de la radio régionale de Stara Zagora – la première radio qui avait enregistré ses débuts, à l‘époque Komnia avait 18 ans. Mon vœu le plus cher est que cet ouvrage touche les jeunes et qu’ils reprennent ces musiques. Il est important que les générations futures n’oublient pas les chansons de Komnia Stoianova.“




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