Les Bulgares auraient connu l’eau-de-vie dès le 14e siècle

Publié le 18/10/11 à 12:18

Photo: Венета Николова

Les Bulgares auraient dégusté l’eau-de-vie appelée rakiya et qui représente du marc de raisin longtemps avant qu’elle n’apparaisse à la table des autres nations européennes. Une trouvaille de la semaine dernière, faite dans l’ancienne capitale de la Bulgarie – Veliko Tirnovo, est à la base de l’affirmation, exprimée par certains savants. Lors des fouilles sur la colline de Trapezitsa, parsemée de ruines du Moyen Age, l’archéologue Konstantin Totev a découvert un fragment de vase, datant probablement du 14e siècle, sur lequel on a déchiffré une inscription, comprenant le mot rakinya. On pourrait croire qu’il s’agit de la boisson spiritueuse, appréciée dans les Balkans et très consommée en Bulgarie, dite rakiya. L’inscription serait, selon les savants, le témoignage le plus ancien de son existence dans la région.

« A la fête j’ai bu … rakinya », dit le graffiti en ancien bulgare, gravé sur une coupe en céramique du 14e siècle qui pourrait changer nos idées sur le cheminement de l’eau-de-vie à travers les siècles. Certains historiens sont déjà prêts à affirmer que les boyards bulgares buvaient de la rakiya 200 ans avant qu’elle ne se soit répandue en Europe. D’ailleurs le procédé de la distillation est connu depuis l’Antiquité. La production de boissons spiritueuses est inventée par les arabes et le mot rakiya provient du mot arabe arak. La boisson arabe est caractérisée par son arôme d’anis, tandis que chez nous l’eau-de-vie est produite le plus souvent à base de raisin, de prunes, etc. L’inscription, trouvée sur la colline de Trapezitsa, nous fait croire que nous autres Bulgares, nous sommes parmi les premiers à avoir connu et apprécié cette boisson. « Le vase à l’inscription insolite a été découvert lors des fouilles dans le nécropole, attenant une église du 14e siècle » – explique le professeur Konstantin Totev qui dirige les recherches dans la zone septentrionale de la forteresse Trapezitsa.

« Il s’agit d’un fragment de petite coupe ou d’une tasse, décorée par l’application de la technique dite sgraffito, typique de la céramique produite à Tirnovo à cette époque. La technique elle-même, ainsi que les motifs décoratifs – des plantes, des animaux, des figures humaines, etc. rendent facile l’identification de cette céramique. Mais le plus intéressant, c’est qu’après sa fabrication quelqu’un a gravé le texte « A la fête j’ai bu … rakinya ». Nous ne saurions pas dire de quelle fête il s’agit. Poser des inscriptions sur des récipients en métal est une pratique fréquente dont nous retrouvons souvent les traces. Mais c’est la première fois que nous avons découvert une si ancienne inscription, comprenant le mot rakiya. Nous supposons que le propriétaire du vase était un citoyen ou un militaire, enterré au sud de l’église très vaste, que nous sommes en train d’étudier ».

L'alambic qui autrefois faisait partie des ustensiles courants...

L’historien Bojidar Dimitrov cite une autre source témoignant de la consommation d’eau-de-vie en territoire bulgare. Un rapport du général ottoman Lala Chahin, portant la date de 1372, décrit les soldats bulgares comme de « grands gaillards, moustachus, maniant les armes avec dextérité et courage, mais habitués à boire du vin et de l’eau-de-vie, en un mot – une bande de joyeux fêtards ». L’histoire et l’archéologie fourniront les arguments de la Bulgarie lors des négociations entre la Bulgarie et la Commission européenne afin de reconnaître la rakiya comme une boisson bulgare traditionnelle. Les amateurs de la boisson sont impatients de recevoir de Bruxelles le brevet ce qui réduirait de 50 % le taux de l’accise sur cet alcool qui a traversé les époques sans perdre de sa vigueur….

Version française : Bojidar Alexiev

По публикацията работи: Veneta Nikolova

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