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Des rituels magiques font le lien entre l’année qui s’en va et celle qui arrive

Le pain, symbole de la prospérité sur Terre, a une place de premier plan dans la tradition 
Photo: gradski.org
On a gardé la mémoire de toute une série de vieilles fêtes, grâce auxquelles nos ancêtres invoquaient la protection des forces du bien. Certaines d’entre elles sont arrivées jusqu’à nous en alliant passé et contemporanéité et nous sommes conscients qu’il faut les faire perdurer dans les détails même si on n’en connaît pas très bien le sens.

Autrefois les traditionnelles fêtes d’hiver de la communauté patriarcale duraient plus longtemps. Il y avait une occasion de fête chaque semaine, même plus souvent – depuis la fin novembre jusqu'au début du Carême. Dans le langage folklorique cela signifie le temps des rites magiques qui sanctifiaient toutes les activités humaines – de la pêche jusqu’à l'apiculture, des activités assurant la fertilité des plantes et animaux jusqu’au mystère de la naissance humaine. En dehors des travaux saisonniers aux champs, les gens concentraient leurs efforts dans d’autres types de bienfaisance en s'appuyant sur la puissance du rituel et de la tradition, transmise depuis des générations. Tout au cours de cette période est lié à la « magie du premier jour », appelée à rassembler autant de bons vœux et d’énergie positive, pour qu’elle puisse suffire au cours de toute l’année, mais aussi d’assurer le bon déroulement du cycle de la vie et du cycle économique.
Le Jour de Saint Ignace d’Antioche, Noël, le Jour de Saint Basile le Grand sont trois grandes fêtes avec leurs propres rituels. Ce sont trois noms différents du début, du premier jour que les hommes, depuis la nuit des temps vénèrent tout particulièrement. Le Jour de Saint Ignace d'Antioche, le 20 décembre, est proche du solstice d'hiver. C’est alors que naît le nouveau Soleil, selon le culte le plus ancien sur nos terres. Le Réveillon de Noël (appelé encore Petit Noël) et Noël unissent en eux les croyances païennes au sujet de la naissance de Dieu (et plus tard de l’enfant Dieu dans le christianisme). Le premier jour de janvier naît la Nouvelle Année. Ce jour-là on marque le Jour de Saint Basile le Grand – une fête bulgare qui est encore une fois un amalgame de christianisme et de rituels pré-chrétiens. Ces dates se situent dans la période des jours dits impropres – depuis Noël (dans certains endroits du Jour de Saint Ignace d'Antioche) jusqu’à l'Épiphanie, le 6 janvier. Une période de chaos et d'incertitude, lorsque les forces du mal s’activent, des créatures surnaturelles jettent feu et flamme et peuvent nuire à l’homme et la nature. Et on peut s’y opposer uniquement par la force des armées des anges ou par les prières et des sacrifices.

En ces trois jours de fête on dresse la table que le doyen de la famille encense. De cette manière, selon les croyances populaires, la nourriture et les objets autour de la table obtiennent une force magique particulière et leurs significations symboliques se démultiplient. Cela explique l’attention avec laquelle on respecte les moindres détails de la tradition. Ainsi que le rôle des aliments et objets sanctifiés dans les différents rituels après. Sur la table dressée le Jour de Saint Ignace d'Antioche on met obligatoirement du blé, des noix, on allume aussi une bougie. Au Réveillon de Noël le même blé est de nouveau présent parmi les aliments rituels. On lui attribue une force miraculeuse. Le matin de Noël on en prend une partie et on l’ajoute à la nourriture des animaux domestiques. Le reste on le garde pour l’utiliser dans les pratiques de guérison tout au long de l’année. Comme on fait avec l'encens, des noix et le reste de la bougie. On consacre aussi un gant rempli de blé et une bourse pleine d’argent. Le plus souvent un saladier plein de pommes, du blé, des noix et une faucille avec un fil rouge, un petit bouquet de basilic et d’ail. Ces symboles de la récolte espérée doivent recueillir la bénédiction divine qui descend sur Terre dans les nuits magiques de Noël et le Jour de Saint Basile le Grand.
Symbole de la vie et de la prospérité terrestre, le pain a sa place d’honneur dans tous les rituels. Après avoir pétri la pâte le Jour de Saint Ignace d'Antioche et au Réveillon de Noël, les femmes sortent dans la cour sans se laver les mains et touchent les plantes qui donnent des fruits. On ajoute un peu de pâte à la nourriture du bétail. Tôt le matin de Noël on en donne un peu à chaque bête pour les protéger des maladies et en formulant de vœux de fécondité. A la nourriture des animaux on ajoutait encore un peu de la cendre de la bûche de Noël. Le miel encensé, ainsi que la cendre et les charbons restés dans la cheminée sont utilisés dans différents rituels de guérison du corps et de l’âme.
Toucher « l’arbre de fer », comme on appelle le cornouiller, fait aussi partie des rituels dans cette période de l’année. Résistant à tous les caprices du temps, cet arbuste costaud et tellement flexible qu’il ne rompt pas, fleurit le premier et donne des fruits le dernier. On considère que le contact avec lui donne de la santé et de la force. Dans beaucoup de villages en Bulgarie le Jour de Saint Ignace d'Antioche, la femme la plus âgée de la famille se levait tôt. Avec une branche de cornouiller, préparée et décorée la veille, elle tapotait le dos de tous les membres de la famille, et surtout des enfants, encore pendant qu’ils dormaient. Tous ces vœux de bonne santé et de longévité font partie aussi des rituels des sourvakari la nuit du Nouvel An. Et leur sourvatchki richement décorées sont obligatoirement faites de branches de cornouiller.
La magie verbale est la plus courante en ces jours, surtout dans les vœux et bénédictions de Noël. On les entend dans presque chaque maison bulgare, bien que même dans les villages la tradition soit quelque peu modifiée, car il faut être de son temps. Parce que les conditions historiques qui ont donné naissance aux rites de Noël et du Nouvel An sont depuis longtemps restées dans le passé. Quant au désir naturel et inné des hommes qui aspirent sans exception au bien-être, au bonheur et à la sécurité et qui fait perdurer les traditions.

Version française : Sia Karaguiozova
karaguiozova@bnr.bg
По публикацията работи: Albéna Bézovska


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