Le tressage est une technique de confection en textile qui fait partie des métiers d’artisanat en voie de disparition. Heureusement, des créateurs font revivre le savoir-faire traditionnel et conçoivent de nouveaux vêtements, objets et décorations.

La ville de Targovichté est connue pour avoir été un centre des artisanats traditionnels pendant la période ottomane. Au XVIIe siècle elle est déjà fameuse pour ses marchés qui offrent des pièces uniques du travail des tailleurs de vêtements de bure, des cordonniers et autres artisans. C’est ici que nous avons rencontré Migléna Terziéva qui dans son temps libre se consacre au tressage. De profession elle est d’abord ingénieur, ensuite elle fait une spécialisation dans les « Technologie du vêtement » à l’Université technique de Sofia. Elle a également suivi des formations pour le métier de tressage. Voici ce qu’elle nous a dit de sa passion :

« Le tressage n’est pas traditionnel dans notre région, c’est un artisanat qui s’est développé surtout dans les régions montagneuses comme celles de Gabrovo, Zlatograd, Madan ou Etar. Le gajtan est une sorte de natte épaisse, qui est cousue sur un vêtement en laine et qui sert à maintenir bien toutes les pièces attachées. Ce fut dans le passé un métier d’hommes. Pendant l’hiver, quand il n’y avait pas de travail sur les champs, les artisans allaient de village en village et travaillaient dans les maisons des gens. Leurs femmes restaient à la maison. De nos jours, on travaille chez soi et les femmes le font aussi. Aujourd’hui il y a des ateliers de fabrication de tresses qui sont caractéristiques pour chaque région. Les vêtements traditionnels de femmes sont très colorés. On les fabrique en respectant la croyance populaire qui veut qu’on laisse toujours quelque chose d’imparfait, pour que le mauvais œil le voit en premier ».

Les créateurs contemporains innovent, mais n’oublient pas de reconstituer le patrimoine de nos arrière-grands-mères en reproduisant les pièces que nous trouvions avant dans les vielles caisses avec la dote de mariage. Dans le passé la tresse était confectionnée à partir de l’entrelacement de 8,10 ou 12 files. Aujourd’hui, on en utilise au maximum 10 de différente épaisseur. Tout est fait à la main et le travail demande beaucoup de précision. « C’est un vrai plaisir pour celui qui s’investit de tout cœur, raconte Migléna. Car à la fin, nous obtenons une pièce unique ». De nos jours ces tresses sont utilisées dans la confection de vêtements contemporains et ajoutent quelque chose de plus, une touche d’originalité. Les tresses décorent aussi des tableaux et des bijoux. « C’est vraiment un champ de développement de l’imagination », s’exclame Migléna.

Migléna a obtenu le grand prix du IXe Salon des artisanats traditionnels qui s’est déroulé dans le complexe ethnographique « Etara » et cela lui a offert la possibilité de faire sa propre exposition. On peut y voir nombre d’objet d’art et de vêtements traditionnels qu’elle a confectionné. Pour Migléna le tressage n’est pas un métier à plein temps mais un plaisir. Sa profession actuellement est d’enseignante pour des enfants avec des difficultés motrices. Elle leur apprend à travailler avec les mains et à fabriquer des petites choses. Nous lui avons demandé pourquoi pour elle il est aussi important de faire revivre les artisanats oubliés.

« Chaque artisan sait qu’on ne devient pas riche avec sa profession, mais en revanche on contribue à conserver un savoir-faire ancien et reconnu. C’est ce qui nous encourage, nous les héritiers, dans ce monde où on ne parle que nouvelles technologies. Le monde change et j’espère que nous arriverons à conserver quelque chose du quotidien de nos ancêtres et qui fait partie aussi de notre culture ». 

Version française : Miladina Monova
Photos: Archives personnelles