En ce 12 décembre, nous célébrons la Saint Spyridon, patron des artisans cordonniers, chaudronniers, tailleurs et tisserands, mais aussi généralement considéré comme le saint protecteur des métiers d’art et de l’artisanat. L’occasion, dans le passé, d’organiser des concours de savoir-faire et d’obtention d’un certificat d’aptitude.

L’artisanat est le premier métier de Bulgarie, nous assure Marietta Nédkova, qui estime que les traditions doivent être préservées à tout prix, car elles tissent un lien entre passé et présent et jettent un pont vers l’avenir :

L’artisanat consacre le savoir-faire de l’être humain, révélant les particularités de son caractère, son style personnel et son mode de vie. C’est aussi l’expression des visions artistiques du créateur. Il suffit d’un petit accessoire ou d'un bijou pour mettre en valeur un vêtement et donner de l’allure à la personne. Nous savons que les artisans privilégient les matériaux naturels et durables, comme le cuir ou le bois, ce qui rend les objets éternels.

Marietta Nédkova a la maîtrise de deux métiers d’art, le travail du cuir dont elle a hérité de son père et le tissage. Et l’on peut dire qu’elle excelle dans les ornements :

Les anciennes techniques du tissage, sur planches, sont quasi-disparues. C’est un exercice assez laborieux qui se prête aux démonstrations. Le métier à tisser n’est pas conventionnel, il est constitué de 4 planches en bois, trouées aux quatre coins, par lesquels passent les fils. C’est une pratique qui est arrivée en Bulgarie depuis l’Asie. Plus les planches sont nombreuses, plus riche et orné est le tissu qui en ressort. Nous savons que ce mode de tissage était utilisé à l’époque du pharaon égyptien Ramsès II qui a été mis en bière avec sa ceinture tissée avec des fils multicolores et surtout dorés. La technique, encore une fois, n’est pas très facile, mais elle vaut la peine d’être apprise et surtout pratiquée.

Quelle est l’application des techniques vintage au XXIe siècle, surtout quand on sait que même les chanteurs et danseurs traditionnels optent pour des versions stylisées des costumes traditionnels folkloriques ? Les choses changent, les goûts des amateurs de produits artisanaux aussi…

C’est vrai, mais c’est peut-être aussi la raison pour laquelle nos contemporains apprécient tant les reconstitutions historiques et passent des commandes d’objets et articles ethnographiques, nous dit encore Marietta Nédkova. Il y a aussi les différents ateliers et associations de jeunes qui essayent de pérenniser le savoir-faire de nos anciens. Car il y a très peu de vestiges matériels des anciens métiers d’art en terres bulgares. On en parle un peu plus dans la littérature, mais on compte surtout sur les fouilles archéologiques. Ainsi, une expédition d’archéologues qui travaillaient sur le site du tumulus Altaï a sorti de terre des objets vieux de plus de 4000 ans.

Fidèle à son savoir-faire d’artisan, Marietta Nédkova donne aussi des cours dans tout le pays, que ce soit dans les écoles ou dans des ateliers pour adultes. Et à chaque fois elle essaye de susciter de l’intérêt pour tout ce qui peut sortir des deux mains d’un manuel, fût-il débutant…

Récit : Sonia Vasséva